Sur les sujets sociétaux, Francois Fillon apparaît sur ce point comme l'un des tenants d'une ligne très conservatrice, soutenu par « La Manif pour tous », il propose ainsi de réécrire en partie la loi Taubira, non pas sur le mariage gay, mais sur l’adoption plénière qu’il souhaite interdire aux couples homosexuels. Le député de Paris a également pour projet de revoir les programmes d’histoire avec l’idée de les concevoir comme un récit national, pour, explique-t-il, « redonner aux enfants la confiance dans notre patrie ».
François Fillon entend également rétablir l’universalité des allocations familiales. Ses idées sont en complet décalage avec un Alain Juppé, plus progressiste sur ces sujets-là. Le maire de Bordeaux apparaît également moins radical que son adversaire sur le plan économique. François Fillon promet en effet 100 milliards d’euros de réduction de dépenses publiques alors qu’Alain Juppé parle de 85 milliards. Et pour cela, tous deux veulent tailler dans les effectifs des fonctionnaires. François Fillon envisage de supprimer 500 000 postes sur le quinquennat, Juppé lui propose 200 000 suppressions.
Autre réservoir important pour trouver de l'argent, les dépenses de santé. Et les différences ne manquent pas non plus sur ce thème. François Fillon souhaite 20 milliards de réduction du budget de la sécurité sociale, Alain Juppé propose aussi des économies mais quatre fois moins. Les deux n’oublient pas les allocations chômage; ils sont en faveur d'une dégressivité de l’indemnisation mais à des rythmes différents. François Fillon en attend 10 milliards d’économie, Alain Juppé, 7 milliards. Ils espèrent également dégager de l'argent à la faveur d'une réforme des retraites. Les deux candidats veulent repousser progressivement l’âge légal de départ à 65 ans.
François Fillon et Alain Juppé s’opposent également sur l’international. Ainsi, le maire de Bordeaux ne goûte guère le positionnement pro-russe de son adversaire.
►ANALYSE
La bataille Fillon/Juppé commence
Ni François Fillon, ni Alain Juppé n'ont prévu de se lancer des noms d'oiseau mais les deux finalistes vont s'engager dans un mano a mano sur leurs programmes. Chez le maire de Bordeaux, la riposte a commencé dès dimanche soir. Dans son allocution, il s'est présenté comme le candidat des « réformes crédibles et équitables ». En clair : le modéré face au conservateur.
Son équipe a déjà identifié des cibles : le flou de François Fillon sur le mariage pour tous, sur l'IVG, sur les suppressions de postes de fonctionnaires jugées « impossibles ». Autre cartouche : s'afficher comme le seul capable de battre la gauche et le Front national à la présidentielle. Un message qu'il va répéter dans ses meetings à Toulouse ce mardi et vendredi à Nancy.
Chez François Fillon, on se prépare à défendre « point par point » le programme mardi soir à Lyon et vendredi à Paris. Son entourage se monte d'ailleurs irrité face aux caricatures, aux contre-véritées diffusées par les juppéistes. A leurs yeux, Alain Juppé n'est pas à la hauteur pour redresser les comptes du pays ou pour assurer la sécurité des Français. Le face à face aura lieu jeudi sur le plateau du dernier débat.