Aucun discours politique n’était prévu lors des hommages rendus aux victimes des attentats du 13-Novembre ce dimanche. Mais Manuel Valls a tout de même abordé la question du terrorisme lors d’un entretien accordé à la chaîne britannique BBC, évoquant la possibilité d’une prolongation de l’état d’urgence en janvier prochain pour plusieurs mois.
« Il est difficile aujourd’hui de mettre fin à l’état d’urgence, d’autant plus que nous allons nous engager dans une campagne présidentielle dans quelques semaines avec des meetings, avec des réunions publiques », a expliqué le Premier ministre. Pour Manuel Valls, c’est la sécurité de la démocratie qui est en jeu.
Créé en 1955 durant la guerre d’Algérie, l’état d’urgence a été instauré au lendemain des attentats du 13-Novembre. Ce régime d’exception qui facilite notamment les perquisitions et les assignations à résidence a été prolongé à quatre reprises, en prévision de l’Euro de football et du Tour de France, puis après l’attentat de Nice le 14 juillet. Depuis son instauration, plus de 4 000 perquisitions administratives ont été menées, tandis que 95 assignations à résidence sont toujours en vigueur.
Un régime d’exception sujet à débat
Mais ce discours de responsabilité dont Manuel Valls essaie depuis des mois de faire sa marque de fabrique ne fait pas forcément l’unanimité à gauche. Les questions d’atteinte aux libertés individuelles et de l’efficacité d’un tel régime d’exception ont déjà été posées ; elles le seront forcément à nouveau.
A droite, la prolongation de l’état d’urgence est plutôt bien accueillie. Alain Juppé et Bruno Le Maire s’y sont notamment dits favorables. Mais cela n’empêchera pas les attaques sur la politique de lutte contre le terrorisme du gouvernement. Nicolas Sarkozy ne cesse à chacun de ses meetings de dire que tout n’a pas été fait pour protéger les Français. Marine Le Pen juge quant à elle l’état d’urgence inefficace.
En pleine campagne présidentielle, le débat sur la prolongation de l’état d’urgence risque donc de démontrer que l’union nationale est impossible.