Le malaise des policiers s’amplifie, l’exécutif affaibli s’inquiète

Appels à des rassemblements devant les palais de justice, réunion la semaine prochaine avec François Hollande : les syndicats de policiers tentent de reprendre la main sur un mouvement de grogne qui les a dépassés et mis le gouvernement sur la défensive. Pendant ce temps, au sommet de l'Etat, on tente de rassurer pour contenir le mouvement. De leur côté, les candidats à la primaire de la droite montent au créneau.

Surtout, ne pas laisser le mouvement s’étendre. Le président de la République recevra les syndicats en « début de semaine ». Signe de l’inquiétude, François Hollande a fait cette annonce de Bruxelles où il assistait à un sommet européen. « Que les policiers sachent bien que le gouvernement et le président de la République sont dans une démarche de dialogue », a dit le chef de l’Etat.

Manuel Valls aussi est monté au créneau : « L’utilisation politique de ces manifestations n’est pas digne », a dit le Premier ministre. « Surtout quand soi-même on n’a pas été à la hauteur, je parle de l’opposition ». Il parle surtout de Nicolas Sarkozy. L’ex-président a eu cette formule méprisante pour Bernard Cazeneuve : « ce qui nous sert de ministre de l’Intérieur ». Autre formule violente de Nicolas Sarkozy : « le gouvernement n’est pas capable de mettre fin au climat actuel d’anarchie ».

Mais Nicolas Sarkozy est lui-même ciblé par ses rivaux à droite : Alain Juppé, Bruno Le Maire ou Jean-François Copé, tous lui font le reproche d'avoir diminué les effectifs de policiers et de gendarmes lorsqu’il était à l’Elysée.

Et puis il y a ce sous-entendu du patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, pour qui ces défilés nocturnes de policiers seraient instrumentalisés par le Front national. La Place Beauvau (ministère de l'Intérieur) assure n’avoir aucun élément permettant de l’affirmer.

A la Une: le ras-le-bol des policiers

Le FN en embuscade

Mais une chose est sûre : au FN, on se pose en premier défenseur des forces de l’ordre. Le vice-président du parti, Florian Philippot, dit même apporter un « soutien sans faille face à un pouvoir qui a manifestement de la haine pour la police ». Au FN, on a aussi lancé une pétition de soutien et sa présidente s’est adressée directement aux policiers. Un message vidéo de soutien et une promesse de moyens supplémentaires en cas d’accession à l’Elysée.

Bref, au parti d'extrême droite, on accompagne le mouvement et pour cause : il n’a échappé à personne au siège du parti que plus de la moitié des policiers et militaires disent vouloir voter Marine Le Pen. Et encore, ce résultat est celui d’une étude qui date du mois de juin...

Le climat s’alourdit dans une période plus que jamais critique pour le chef de l'Etat. François Hollande est lâché par une partie de son camp. Depuis la parution de ses confidences explosives, même ses amis doutent. Certains regards se détournent y compris en conseil des ministres. Colère froide d'un visiteur du soir à l'Elysée : « dans des périodes comme ça, on ne demande pas des états d'âme mais des états de service. »

Le même ami, celui du dernier carré des fidèles, en est sûr : c’est encore possible pour François Hollande. Possible d'être candidat, possible même de passer la barre fatidique du premier tour. Son modèle : Jacques Chirac en 1994, lui aussi lâché par presque tous, lui aussi donné perdant dans tous les cas de figure, jusqu’en février-mars.

Du trouble et des tripes

« Faire campagne tout seul, au contact des Français, c’est possible », dit un conseiller. Tout seul en plein état d’urgence ça signifie s’appuyer sur les réseaux sociaux, avec par exemple des réunions d’appartement filmées et rediffusées sur Facebook ou Twitter.

Mais pour en arriver là, il faudrait que François Hollande résiste à la pression, de plus en plus forte, de tous ceux à gauche qui ne veulent plus de lui, ceux qui veulent, souffle un conseiller, « faire craquer Hollande dans sa tête ». A l’Elysée, on voit bien le trouble qui s’est emparé de tout le PS, des militants, des élus…

Mais on veut croire que tout ça est amplifié par des élus terrorisés par la trouille de perdre. Pas besoin d'excuses, encore moins d'explications : « ça va s'oublier », pense-t-on. Une ligne de défense qui flirte avec le déni du climat délétère qui règne. Il reste 50 jours avant la date limite pour se présenter ou non à la primaire. François Hollande pourra-t-il être candidat ? Un de ses proches lâche : « La réponse aujourd'hui, elle est dans ses tripes. »

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