Trois syndicats de gardiens de la paix, Alliance et l'Unsa-Police, auxquels s'est joint Synergie (second syndicat d'officiers), ont demandé mercredi matin une réunion « en urgence » avec les ministres de l'Intérieur et de la Justice. Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, les reçoit ce mercredi après-midi. Un autre syndicat, Unité-Police SGP-FO, a lui appelé mercredi à une manifestation silencieuse, « une marche de la colère policière et citoyenne », mercredi prochain 26 octobre.
Manifestations de mécontentement de policiers
Hier, Jean-Marc Falcone, le patron de la police nationale, a été hué dans le commissariat d'Evry, en région parisienne. Ce sont des fonctionnaires de ce commissariat qui avaient été touchés par l'incendie de deux véhicules, au début du mois. Quatre policiers avaient été blessés dans cette attaque dont deux grièvement. Jean-Marc Falcone a dû traverser un comité d'accueil très véhément de policiers venus soutenir leurs collègues menacés de sanctions pour avoir manifesté sans autorisation. Ils avaient manifesté lundi soir. Ils l'ont à nouveau fait hier en revenant de l'hôpital Saint-Louis. C'est dans cet hôpital que le policier le plus grièvement blessé à Viry-Châtillon est toujours hospitalisé. Il est en « voie d'amélioration », selon Jean-Marc Falcone.
Ces manifestations spontanées sont rarissimes dans la police. Elles témoignent du ras-le-bol et de l'immense fatigue de policiers épuisés par près de deux années de menaces et d'actes terroristes. Des policiers qui critiquent aussi leurs syndicats qu'ils jugent trop politisés et pas assez représentatifs. C'est pour tenter de reprendre la main que les syndicats de police ont appelé à une grande manifestation silencieuse mercredi prochain, partout en France.
Multiplications des agressions
Les agressions sur des policiers ou des enseignants se sont multipliées ces derniers jours. On a appris ce mercredi matin, de source policière, l'agression d'un enseignant de Strasbourg, dans l'est de la France. Il a été frappé lundi par un jeune homme extérieur au lycée qui s'était introduit dans sa classe.
Il y a également eu l'agression d'un enseignant à Argenteuil, au nord de Paris, ce même lundi 17 octobre. Alors qu’il ramenait sa classe de CE2 après un cours de sport, deux jeunes individus se sont arrêtés à sa hauteur en voiture. Ils l'ont rapidement attaqué, le rouant de coups de poing au visage. Résultat : l'enseignant a déposé plainte et s'est vu prescrire cinq jours d'incapacité temporaire de travail.
A quelques kilomètres de là, à Tremblay-en-France, un proviseur d'un lycée avait été frappé à l'entrée de l'établissement un peu plus tôt dans la journée. Plusieurs individus avaient également lancé des cocktails Molotov sur la façade, avant de s'en prendre ensuite aux policiers appelés sur place. 80 jeunes seraient impliqués dans ces violences.
Et ce n'est pas tout. Le week-end dernier, des policiers ont été pris dans un guet-apens. Dans un quartier de Mantes-la-Jolie, une centaine de jeunes ont violenté des policiers et lancé au passage des cocktails Molotov et des projectiles.
Des cocktails Molotov avaient également été jetés contre les forces de l'ordre à Bastia samedi. Une manifestation de nationalistes a fini dans la violence. Plusieurs dizaines de manifestants cagoulés s'en sont pris aux policiers et à leurs véhicules.
► A (RE)ECOUTER : La colère des policiers en France: décryptage du socioloque Fabien Jobard