A chaque comparatif européen, le constat est le même : la France est dans le wagon de queue pour ses efforts en matière de justice. Et même si ces dernières années, la chancellerie a bénéficié d'un rattrapage budgétaire, les carences demeurent. La France consacre 64 euros par habitant. L'Allemagne : 108 euros. Les Pays-Bas : 123.
Conséquence, la France se démarque de ses voisins par le faible nombre de procureurs, seulement trois pour 100 000 habitants. Une situation difficilement gérable, mais qui résulte d'un choix politique, relève Virginie Duval, la présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM).
« Le meilleur moyen d'avoir une justice faible, note-t-elle, c'est de ne pas lui donner les moyens de fonctionner. C'est un choix volontaire, évidemment, que de donner un budget misérable à la justice, qui est pourtant un pilier de la démocratie. Mais c'est vrai qu'on ne veut certainement pas que la justice joue pleinement son rôle. »
« Ça fait des années que la justice est sous-dotée, ajoute Mme Duval. C'est vrai qu'il y a des efforts qui ont été faits très récemment, mais c'est à dire qu'on part de tellement loin que même ces efforts ne suffisent pas à ce qu'on rattrape au moins la moyenne de nos voisins européens. »
Et les carences ne se limitent pas au manque de magistrats. Les difficultés d'accès aux tribunaux, en particulier pour les citoyens les plus démunis, sont plus grandes qu'ailleurs. Avec 5 euros par habitant, le montant de l'aide judiciaire est aussi l'un des plus faible d'Europe.
→ Consulter : « Systèmes judiciaires européens ; Efficacité et qualité de la justice » (PDF, 2016)