Avec plus de 400 détenus pour seulement 180 places, la maison d’arrêt de Nîmes est emblématique de la surpopulation carcérale française. Les détenus peuvent y dormir à trois dans des cellules conçues pour deux prisonniers, des matelas y sont posés à même le sol. Mais cette maison d’arrêt n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres sur tout le territoire.
Les prisons françaises sont en mauvais état, et la situation est connue depuis des années : au total, ce sont ainsi 11 000 détenus de trop par rapport à la capacité des établissements pénitentiaires. La situation est par endroit si dégradée que des détenus de la prison de Coutances ont porté plainte contre l’Etat, faute de disposer d’au moins 3m², et ont gagné leur procès.
Pour remédier au problème, Manuel Valls a annoncé « un plan spécifique » pour les prisons françaises, dont les détails seront connus « à l’automne ». On peut avancer sans prendre trop de risques qu’il concernera avant tout le foncier, c’est-à-dire construire et agrandir des prisons.
Des alternatives à la détention
Cependant, bâtir de nouveaux centres de détention n’est pas l’unique solution. C’est ce qu’estime notamment Adeline Hazan, la contrôleure générale des prisons. Si elle reconnaît le besoin de construire de nouvelles places, elle ne voit pas l’utilité d’en faire des dizaines des milliers puisque « plus on en construira, plus on en remplira ». L’idée, c’est donc d’éviter la prison le plus possible. Cela peut se faire en favorisant les sorties rapides, ou bien en généralisant la semi-liberté: le détenu est libre durant la journée, mais doit rentrer dans l’établissement la nuit.
Les peines en milieu ouvert sont également mises en avant. L’ancienne garde des Sceaux, Christiane Taubira, avait fait voter la contrainte pénale en ce sens. Il s’agit d’une nouvelle peine que peuvent prononcer les juges, en alternative des autres à leur disposition. Dans ce cas-là, le condamné n’ira pas en prison, mais effectuera sa peine dehors, à condition qu’il respecte un certain nombre d’obligations, comme un suivi médical ou un stage de citoyenneté. Plus d’un an après son application, cette disposition est cependant encore peu utilisée par les juges puisque moins de 2 000 ont été prononcées.
Même si plusieurs solutions sont envisagées pour répondre à l’urgence de la surpopulation carcérale, elles nécessiteront cependant du temps et de l’argent. On estime qu’il faut une dizaine d’années pour construire un nouvel établissement, et qu’une cellule coûte en moyenne 200 000 euros. En attendant, les méfaits d’un tel engorgement des prisons françaises sont connus : violences entre les détenus eux-mêmes et contre les surveillants, moins d’activité, obstacle à la réinsertion une fois la peine purgée... A tel point qu’Adeline Hazan a tenu à le rappeler, il faut que « la prison soit véritablement, comme la loi l'indique, le dernier recours ».
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