La cellule est le dernier espace de relative intimité qu'ont les détenus en prison. Partout ailleurs, dans les couloirs et les accès ou encore les ateliers, ils sont scrutés par des caméras.
Selon un projet d'arrêté qui a fuité dans la presse, le ministère de la Justice songe à généraliser la vidéosurveillance 24 heures sur 24 pour certains détenus. Alors combien et selon quels critères? Difficile à dire pour l'instant.
Selon l’administration, l’objectif est d'éviter que certains ne se suicident avant leur jugement. Comme ça a été le cas il y a quelques semaines pour un directeur d'école soupçonné de pédophilie ou encore de l'homme qui avait décapité son patron dans une mise en scène islamiste en Isère et qui s'est lui aussi donné la mort en prison.
Sept fois plus de suicide en prison
Mais peut-on vraiment éviter les suicides, sept fois plus nombreux en détention qu'en dehors par de simples caméras ? Non rétorquent les syndicats pénitentiaires de gauche et les associations des droits de l'homme. Ceux-ci plaident pour « des solutions d'accompagnement » et estiment que surveiller un détenu, « c'est le rendre plus fou qu'il ne l'est ».
D'un point de vue juridique et philosophique, la prison c'est la privation de la liberté. Le droit à la vie privé, à la dignité et à l'intimité est censé être garanti. Si cet arrêté venait à passer, la Cour européenne des droits de l'homme pourrait être saisie.