François Hollande y croit encore. Pourtant, les douches froides s’accumulent. Dernière en date : la nouvelle hausse du chômage. L’inversion durable de la courbe à laquelle le président a lié sa candidature n’arrive pas. Preuve du malaise, ses amis ont repoussé le lancement du site internet censé vanter le bilan du président sortant.
Et si François Hollande ne pouvait pas se lancer ? L’idée donne des sueurs froides à certains de ses amis. Mais pas au président. A deux mois de l’officialisation de sa décision, cet éternel optimiste a décidé de se surmultiplier, comme s’il était chaque jour un peu plus candidat. Après avoir parlé immigration lundi à Calais, il défendra le modèle social en fin de semaine. Entre-temps, le chef de l’Etat décorera jeudi les imprimeurs de Dammartin-en-Goële pris en otages en janvier 2015 par les frères Kouachi.
Ce mercredi, Christiane Taubira, l’icône de la gauche, sera même à ses côtés à l’Elysée pour une allocution. Au total, le président prononcera deux discours par jour dans une semaine marathon. C’est sur ce genre de ring qu’il est le meilleur, estime un conseiller : sur un pupitre, devant une salle à convaincre. Mais cette fois, c’est un public trié sur le volet qui sera présent dans la salle. Et ses amis, les derniers acquis à sa cause.
A l’Assemblée, des avis partagés
Car même au sein des rangs socialistes à l’Assemblée, les avis sont partagés quant à une potentielle candidature du président de la République. Il y a ceux pour lesquels la question ne se pose pas. Ou tout au moins qui font comme si. Bruno Le Roux, le chef des députés socialistes, estime qu'inversion de la courbe du chômage ou pas, le bilan de François Hollande justifie une candidature : « Je pense depuis longtemps qu’il y a bien d’autres critères sur lesquels on peut fonder la réussite de son action que l’unique critère de la baisse du chômage. »
Le frondeur Laurent Baumel, soutien d'Arnaud Montebourg, ne partage pas du tout cette analyse. « Je pense qu’au regard des critères que lui-même a fixés comme étant les critères qui pourraient justifier sa propre candidature, il gagnerait à réfléchir à l’opportunité d’être réellement candidat à la présidentielle. Et aujourd’hui, je ne la vois pas », lâche le député d’Indre-et-Loire.
Malgré ses efforts pour reprendre la main, François Hollande reste très bas dans les sondages, pris en tenaille entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, et concurrencé au sein du PS par les candidats à la primaire. « Nous devons, nous, députés socialistes, préparer l’alternative à François Hollande s’il n’y va pas. Et même s’il y va, il y aura une alternative à la candidature de François Hollande qui, de mon point de vue, n’a pas rempli le mandat pour lequel les Français ont voté pour lui », résume le député Yann Galut.
D’alternative crédible à sa candidature, François Hollande parie qu'il n'y aura pas.