Avec notre envoyé spécial à Fréjus, Pierre Firtion
« Si nous avons nous-mêmes assez de signatures, nous parrainerons Jean-Luc Mélenchon s’il en a besoin. » En déclarant ceci à Fréjus, Louis Aliot a surpris son monde. Qu’un élu d’extrême droite se dise ouvertement prêt à venir au secours d’un candidat d’extrême gauche, voilà qui apparaît pour le moins étonnant. L’idée est pourtant défendue au sein de l’appareil frontiste.
Pour l'instant, pour la présidentielle 2017, Jean-Luc Mélenchon est parti « solo », à la tête d'un mouvement qui soutient sa campagne, la « France insoumise », mais sans se concerter avec le Parti communiste français, son allié au sein du Front de gauche. Problème : il peine à rassembler les 500 signatures d’élus nécessaires pour se présenter à l’élection. A l'heure actuelle, il aurait obtenu 200 parrainages.
Au FN, la possible absence d'un candidat comme Jean-Luc Mélenchon en 2017 est perçue en interne comme une injustice, expliquent les cadres. Tout candidat est représentatif, dit-on, et Jean-Luc Mélenchon comme Nicolas Dupont-Aignan doivent pouvoir être candidats, se justifie par exemple Florian Philippot, le bras droit de Marine Le Pen. « Sinon, dit-il, nous ne sommes plus en démocratie. »
Le maire d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois, partage cet avis. Pour lui, d'ailleurs, cette règle des parrainages est totalement décalée. Dans l’entourage d’un élu du sud-est, on accuse même « les partis du système » d’avoir dévoyé l’esprit des parrainages pour « verrouiller ». Les parrainages, les candidats frontistes ont souvent eu du mal à les réunir par le passé, mais c’est de l’histoire ancienne, car le parti dispose aujourd’hui d’un bon réseau d’élus, suite à ses récents succès électoraux.
En proposant d’aider Jean-Luc Mélenchon, le FN veut montrer son attachement à la démocratie. Mais sa stratégie ne trompe personne : en agissant de la sorte, il semble vouloir diviser la gauche au premier tour, tout en s'efforçant de séduire les électeurs des autres « candidats antisystème » en vue du second tour. Dans l'entourage de M. Mélenchon, on voit dans ces déclarations une « mauvaise plaisanterie ». Hors de question d'accepter des parrainages venant du FN, assure-t-on.