Avec notre envoyé spécial au palais de justice de Paris, Franck Alexandre
Trois ans de prison, c’est une peine extrêmement sévère, mais une peine plus faible, a indiqué la procureure Eliane Houlette, n’aurait pas été comprise. La représentante du parquet national financier insiste : « La délinquance financière favorise les frustrations et les comportements de rupture. Aucune tolérance ne peut plus être admise. »
Les yeux dans les yeux, la procureure lance alors à Jérôme Cahuzac : « Vous êtes à terre, je n’entends pas en profiter. » Elle va pourtant l’accabler. « Pour frauder le fisc pendant plus de vingt ans, vous êtes allé jusqu’à utiliser le compte bancaire de votre mère, comme le font les trafiquants de drogue. C’est le lot commun, vous avez exposé votre maman à être complice », souligne-t-elle.
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Et la procureure va se montrer encore plus cruelle : « Vous avez été, Monsieur Cahuzac, le ministre du mensonge. Ce procès est celui de la trahison : trahison de votre éducation, de votre serment de médecin, trahison de vos devoirs de citoyen, trahison de la confiance de vos électeurs, trahison enfin des institutions. »
Et la procureure évoque l’atteinte portée à l’image de la France : « Vous avez flétri l’honneur du pays. » Et de conclure : « Vous avez sacrifié tous les principes pour l’appât du gain. » Sur son banc, le prévenu Cahuzac est alors mortifié.
Prison ferme aussi pour son ex-épouse
Le parquet a également requis deux ans de prison ferme contre son ex-épouse, Patricia Ménard, et la condamnation de la banque suisse Reyl à 1,875 million d’euros d’amende pour blanchiment de fraude fiscale.
Le procès de l'ex-ministre du Budget et de ses co-prévenus s'achèvera jeudi avec les plaidoiries des avocats de la défense.