Avec notre envoyé spécial au palais de justice de Paris, Franck Alexandre
Rien ne prédestine Patricia Ménard, ex-Cahuzac, à devenir une redoutable femme d’affaires, experte en évasion fiscale. Dermatologue, elle a d’abord consacré sa vie à élever ses trois enfants. « Une épouse et une mère remarquable », dit même d’elle Jérôme Cahuzac.
Au début des années 2000, alors que Jérôme Cahuzac se consacre à la politique en France, son ex-épouse Patricia développe leur clinique d’implants capillaires, une entreprise très prospère, notamment grâce à une clientèle anglaise fortunée dont les honoraires alimentent un compte sur l’île de Man. « Ce compte, c’était une cagnotte, une épargne non autorisée. Nous savions que nous étions dans l’illégalité », confesse Patricia Ménard, ex-Cahuzac, au tribunal.
Sébastien Schapira, son avocat : « Elle a reconnu les faits. Elle les a expliqués clairement. Elle parle avec ses mots, elle parle avec son cœur, elle parle avec la sincérité de quelqu’un qui veut tourner la page. C’est un simple citoyen qui vient, si je puis dire, expier sa faute. C’est un soulagement comme [pour] quelqu’un qui porte un secret, comme [pour] quelqu’un qui porte un mensonge. Ça ne lui correspond pas donc elle avait besoin de s’exprimer. Elle l’a fait. C’était nécessaire, c’était utile. »
Jérôme Cahuzac l’indique au tribunal : « J’en connaissais l’existence. C’était illégal. Mais pour moi, c’était un compte de gestion, pas un compte patrimonial. »
Cagnotte
En revanche, pour son ex-épouse, ce compte va devenir une cagnotte. Elle y dépose plus de 100 000 euros par an, une fortune qui s’élève à plus de 2 millions d’euros en 2007 et qu’elle s’accapare. « C’était pour me sécuriser. Mon mari me mentait. Je craignais de me retrouver seule. »
Le regard plein de haine, Jérôme Cahuzac lui répond alors sèchement : « On peut ne pas s’entendre, mais de là à se spolier, il y a un chemin que je n’emprunterai jamais. »
Pour sa défense, Jérôme Cahuzac assure qu’il n’a découvert cette fraude fiscale de plus de deux millions d’euros qu’à l’instruction. Autre compte examiné aujourd’hui : celui de Thérèse Cahuzac, sa mère, qui lui aussi a servi à encaisser des chèques.