Crise du lait: 4e jour de manifestation des producteurs contre Lactalis

Ce jeudi 25 août, a débuté, en début d'après-midi, une réunion à Paris, entre les représentants des éleveurs laitiers et des représentants de l'industriel Lactalis. Les deux parties vont tenter de trouver une issue à la crise actuelle. Depuis lundi, des éleveurs laitiers occupent le rond-point marquant l'entrée de l'usine Lactalis, à Changé, à côté de Laval, en Mayenne. Lactalis, c'est cette entreprise qui achète aux éleveurs leur production avant de la transformer. Une entreprise accusée de pratiquer des prix d'achats trop bas. Devant l'usine, les éleveurs sont arrivés à un point de non-retour. La revalorisation des prix est indispensable.

Avec notre envoyé spécial à Changé,

Cela fait des mois que Christophe manifeste contre Lactalis. Avec ses 60 vaches laitières, en Ille-et-Villaine, il produit 500 000 litres par an. Une production qui n'est plus rentable.

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« Actuellement, cela fait un an et demi que je produis à perte. Un prix correct, ce serait minimum 350 euros les 1000 litres. Aujourd'hui, Lactalis nous rémunère 250 euros des 1000 litres [256 en réalité]. Cela ne peut plus continuer. Une exploitation qui fonctionne à perte. Cela prend une tournure qui va devenir très grave ».

Un peu plus loin, Fanny prend une bombe de peinture et écrit son mal-être sur la route, devant l'entrée de l'usine. « J'ai marqué "pas de pays sans lait et sans paysan". Pour moi, l'un ne va pas sans l'autre. On nous impose des normes, de la qualité. On y travaille, on le fait. Et on s'aperçoit qu'on n'est pas rémunéré à notre juste valeur », s'indigne-t-il.

Un sentiment d'abandon chez les producteurs

Ces éleveurs se sentent abandonnés par Lactalis et les pouvoirs publics. Du jamais vu pour Pierre en 35 ans de métier. « On a eu un épisode de 2009 mais cela avait duré cinq mois. Là, ça fait dix-huit mois qu'on a des prix du lait qui ne correspondent à rien », estime-t-il.

Sur le rond-point, les éleveurs laitiers se relaient. Quand les producteurs d'Ille-et-Villaine ou de l'Orne partent, ceux de la Mayenne reviennent. Car il faut faire tourner les exploitations. Même à perte.

Réunion à la Maison du Lait

Les éleveurs sont notamment en colère contre le patron de la société Lactalis, Emmanuel Besnier, qu'ils disent ne pas vraiment connaître. Ils souhaiteraient négocier directement avec lui. Une réunion entre Lactalis et les producteurs de lait a toutefois lieu cet après-midi à Paris.

L'objectif principal est d'avancer sur la question du prix d'achat du lait, car selon la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), le géant mondial Lactalis est l'entreprise qui rémunère le plus mal ses éleveurs, par rapport aux laiteries concurrentes. A 256,90 euros la tonne achetée en juillet, Lactalis se retrouve loin derrière le groupe Laïta et la société Silav (290 euros la tonne) ou encore la laiterie Saint-Père, filiale d'Intermarché, qui rémunère les éleveurs 300 euros les 1 000 litres.

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