Si l'annonce de sa candidature n'était pas une surprise, Nicolas Sarkozy est tout de même parvenu à créer une attente, un faux suspense. Son entourage a cherché à faire de ce « non-événement » une surprise. Sur la forme, l'ancien président y est parvenu avec la parution d'un livre de 250 pages tiré à 100 000 exemplaires. Il ne sortira que mercredi 24 août, mais le candidat a organisé des fuites hier, comme une sorte de teasing. Plusieurs rédactions ont reçu des exemplaires avant que Nicolas Sarkozy ne l'annonce officiellement sur Twitter. Tout était prévu pour que le soir même, les axes et le message de sa campagne soient largement diffusés.
Des critiques à tout va
« J'ai senti que j'avais la force pour mener ce combat à un moment de notre histoire si tourmentée », écrit l'ancien président dans le prologue et assure : « Je n’ai aucune revanche à prendre, aucune querelle d’égo à régler ». Il procède ensuite à une critique en règle du bilan de François Hollande. « Le mensonge, l’immobilisme, le cynisme de ce quinquennat ont tant pénalisé notre pays », se désole le candidat.
Ses rivaux à la primaire ne sont pas épargnés. Pour le moment, les attaques se portent au niveau des programmes des adversaires. « L'identité heureuse » défendue par Alain Juppé ? Impossible, répond Nicolas Sarkozy, à cause du chômage ou encore des Français qui haïssent leur pays. Le gouvernement par ordonnance de Jean-François Copé ? C'est aller tout droit vers le blocage du pays comme en 1995.
Et une feuille de route pour 2017
Le candidat enterre les 35 heures ; il n'y aura plus une durée unique du travail hebdomadaire. Il veut réduire l'indemnisation des chômeurs de 20 % au bout de 12 mois. Ces indemnités seront purement et simplement suspendues après deux refus d'un emploi ou d'une formation. Il propose aussi sans surprise de supprimer l'impôt sur la fortune.
Sur l'immigration, Nicolas Sarkozy souhaite de nouvelles règles : il faudra avoir résidé dix ans au lieu de cinq pour pouvoir demander la nationalité. Plus largement, l'ancien président veut réduire « drastiquement le nombre d'étrangers » accueillis en France, stopper l'immigration économique, suspendre le regroupement familial jusqu'à un nouveau traité Schengen et revoir le droit du sol.
Sa « première priorité » face au terrorisme sera « de placer dans un centre de rétention fermé ou d'assigner à résidence » toutes les personnes fichées.
La vraie campagne commence
Nicolas Sarkozy tiendra son premier meeting en tant que candidat officiel jeudi 25 août à Châteaurenard près d'Avignon. On peut s'attendre à une vraie passe d'armes le week-end prochain : Alain Juppé fera sa rentrée à Chatou samedi 27 août. François Fillon dimanche 28, dans la Sarthe. Et pendant ce temps, Nicolas Sarkozy sera au campus des Jeunes Républicains au Touquet.
L'enjeu maintenant pour l'ancien président est de rester au centre de l'actualité le plus longtemps possible. Même si le contexte de menace terroriste est porteur pour lui, il va devoir marquer vite des points dans l'opinion au risque de s'essouffler. Ces derniers mois, il avait regagné le coeur des militants des Républicains. Il va maintenant devoir élargir sa base, séduire au-delà de ses fans. Une mission difficile.
Selon un sondage paru ce 23 août, Nicolas Sarkozy n'arrive qu'à la cinquième place au classement des personnalités préférées des sympathisants, derrière un certain Emmanuel Macron. Alain Juppé est toujours gagnant au second tour de la primaire avec environ 20 points d'avance.