France: Manuel Valls «comprend» les maires qui interdisent le burkini

Manuel Valls s'invite dans le débat autour du burkini. Quatre villes ont pris un arrêté pour interdire ces maillots de bain qui couvrent le corps des femmes à la plage. Dans une interview au quotidien régional La Provence, le Premier ministre estime que le burkini n'est « pas compatible avec les valeurs de la France et de la République » et défend son interdiction.

« Je comprends les maires qui, dans ce moment de tension, ont le réflexe d'éviter des troubles à l'ordre public », affirme le Premier ministre. Le soutien de Manuel Valls est donc clair, mais à une condition : que les élus soient « motivés par la volonté d'encourager le vivre ensemble, sans arrière-pensée politique ». Une mise au point adressée aux maires de droite qui ont décidé l'interdiction du burkini, parfois sans en avoir vu un seul sur leurs plages.

Sur le fond, Manuel Valls voit dans le burkini, non pas une « mode », mais « la traduction d'un projet politique, de contre-société, fondé sur l'asservissement de la femme ». Pour autant, le chef du gouvernement pense qu'une loi sur les interdits vestimentaires n'est pas la « solution ».

Appel aux musulmans

À ses yeux, c’est aux musulmans eux-mêmes « de dire qu’ils rejettent cette vision mortifère de l’islam ». Il reprend d'ailleurs l'appel à « plus de discrétion » lancé par Jean-Pierre Chevènement, pressenti pour prendre la tête de la Fondation pour l'islam. Mais le Premier ministre ajoute que cette « discrétion » s'applique à toutes les religions.

Alors que la droite tente de profiter de la polémique sur le burkini, Manuel Valls, farouche défenseur d'une laïcité intransigeante, ne voulait pas leur laisser l'espace libre. Eric Ciotti, un député Les Républicains, a d'ailleurs reconnu la « position courageuse » de Manuel Valls.

Critiques de la Ligue des droits de l'homme

De son côté, la Ligue des droits de l'homme juge « grotesque » cette polémique et critique la position du Premier ministre. « Il y a évidemment quelque chose de grotesque à aller discuter de savoir comment on peut ou non s'habiller sur une plage, dénonce Michel Tubiana, président d'honneur de l'organisation, joint par RFI. Jusqu'à preuve du contraire, en France, il existe une liberté d'opinion et de croyance. »

Pour lui, même si le Burkini était un signe d'appartenance religieuse, « en quoi cela poserait-il problème dans l'espace public ? La laïcité est réservée – heureusement – pleinement aux institutions de l'Etat. Pas aux citoyens. Faudrait-il que nous soyons des citoyens neutres, comme le dit le maire du Touquet ? » interroge M. Tubiana.

Il rappelle qu'aujourd'hui, « bon nombre de gens, y compris ceux qui n'adhèrent pas, parmi les Français musulmans, au port de tels vêtements, se sentent visés. Et cela va renforcer un sentiment d'exclusion, avec toutes les conséquences. Le Premier ministre divise le pays. En cela M. Valls est fidèle à sa réputation de pyromane ! »

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