France: violente rixe en Corse

Une violente rixe a opposé hier des jeunes gens d'origine maghrébine et des habitants de la petite station balnéaire corse de Sisco, dans le nord-est de l'île. Ces affrontements se sont ensuite soldés par des tentatives de « représailles » contre un quartier populaire de Bastia. La justice doit toujours établir les faits alors qu'un rassemblement a eu lieu ce 14 août pour tenter d'apaiser les esprits.

Ce dimanche 14 août, 500 personnes environ se sont rassemblées à Bastia au lendemain d'une violente rixe entre membres des communautés corse et maghrébine dans la petite station balnéaire de Sisco, dans le nord-est de l'île. Il s'agissait à la fois de protester contre cet engrenage de violence et de comprendre le fil des événements.

Le rassemblement a débuté dans la matinée, devant la mairie. Après avoir sillonné dans le calme les quartiers sud de Bastia, la foule s'est dispersée en milieu d'après-midi. Un seul témoignage a été évoqué : celui d'une jeune fille qui dit être témoin des affrontements et s'exprime au mégaphone devant les personnes assemblées.

Selon elle, des touristes prenant des photos de femmes se baignant en burkini auraient déclenché les violences. Des insultes auraient ensuite été proférées par des jeunes gens d'origine maghrébine. Le ton serait ensuite monté suivi d'affrontements entre des gens du village et des hommes d'origine maghrébine. Une centaine de policiers et de gendarmes ont été envoyés sur place pour ramener le calme.

Justiciers autoproclamés

La justice doit désormais établir ce qui s'est réellement produit. Le parquet de Bastia a réagi par voie de communiqué. Il y indique que l'origine du différend entre le groupe de la communauté maghrébine et le groupe d'habitants de Sisco n'est pas encore établi, et qu'il doit l'être avec certitude, dans le cadre de l'enquête conduite en flagrance par la section de recherche de la gendarmerie d'Ajaccio. Le parquet ne fait pour le moment état d'aucune interpellation ni garde à vue.

Ces affrontements sont lourds de conséquences. Des véhicules ont été incendiés et l'on compte quatre blessés selon le ministre de l'Intérieur, cinq selon France 3 Corse : deux Corses et trois Maghrébins.

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Les événements connaissent un nouveau chapitre très inquiétant. Ce dimanche, plusieurs dizaines de justiciers autoproclamés se sont dirigés vers le quartier Lupino, une zone populaire et métissée de Bastia, pour venger « leurs » blessés. Ils ont jeté des projectiles sur des CRS positionnés à cet endroit pour leur barrer la route. Les forces de l'ordre ont dû utiliser du gaz lacrymogène pour les empêcher de poursuivre leur chemin.

« On a même vu des tentatives pour s'introduire à l'hôpital où se trouvaient certains blessés, raconte André Paccou, responsable de la Ligue des droits de l'homme en Corse. Il est très grave de constater que des événements eux-mêmes graves débouchent sur des manifestations à caractère xénophobe. Il faut rappeler que ce n'est ni la population, ni des manifestations qui doivent rendre la justice, mais la justice elle-même qui doit établir les faits ».

Mais ce qui préoccupe aussi André Paccou, c'est que cette tentative de vengeance s'inscrit dans une répétition d'évènements à caractère xénophobes survenus ces derniers temps en Corse. « C’est exactement le même genre de profil de manifestations que nous avons eu en décembre dernier à Ajaccio. (…) Et c’est toute une suite de manifestations de ce type-là qui inquiète particulièrement la Ligue des droits de l’homme parce qu’elles banalisent évidemment des manifestations à caractère xénophobes, avec tout ce que ça comporte comme risques à la fois pour les populations visées mais aussi comme tranquillité publique pour la Corse. »

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