Langue, prisonniers: en Corse, Valls inflexible sur les dossiers sensibles

Le Premier ministre effectue, ce lundi 4 juillet, un déplacement compliqué sur l'Ile de Beauté. Malgré la pression des nationalistes, Manuel Valls est resté ferme sur les points chauds - la langue et les prisonniers qualifiés en Corse de « politiques ». Le ton était pour autant à la retenue des deux côtés et quelques timides avancées ont été entrevues.

Avec notre envoyée spéciale à Ajaccio, Valérie Gas

En Corse, il était d'abord question de recueillement. Un hommage à Michel Rocard a été rendu avec une minute de silence respectée avant le début des allocutions. Michel Rocard était très attaché à la Corse, ses cendres doivent d’ailleurs y être dispersées. L’investissement de l’ancien Premier ministre sur le dossier corse a été salué par tous les intervenants.

Mais à l'Assemblée de Corse, chacun est un peu resté ce matin sur ses positions. Jean-Guy Talamoni, président indépendantiste de l'Assemblée de Corse, n'a pas mâché ses mots sur un point sensible : « Au sujet des prisonniers et des recherchés, la voie qu'il faudra finalement adopter sera celle de l'amnistie. Notre Assemblée a voté en ce sens, gauche, droite et nationaliste confondus. »

Manuel Valls a répondu par la fermeté, fidèle à sa ligne : il n’y a « ni prisonniers politiques, ni amnistie, ni oubli d'un crime grave commis contre la République », en référence à l’assassinat du préfet Claude Erignac (le 6 février 1998 à Ajaccio). « Respect de la loi, respect de ce principe d'humanité. Voilà simplement et fermement la ligne du gouvernement. » Même statu quo sur les questions de la coofficialité de la langue corse et du français.

Des concessions

Pourtant, chacun a tout de même fait en sorte d’y mettre de la bonne volonté. Le chef du gouvernement a annoncé plusieurs mesures en faveur de l'Ile de Beauté : il a comme prévu confirmé la création d’une collectivité territoriale unique au 1er janvier 2018, une attente des nationalistes et donc la disparition des deux départements. Il a également annoncé la création d'une agrégation en corse, et fait part de sa volonté de « prolonger » des régimes fiscaux dérogatoires valables en Corse pour lutter contre la hausse des prix de l'immobilier local.

De son côté, Jean-Guy Talamoni n’a pas parlé corse comme il avait eu l’habitude de le faire depuis les élections régionales de décembre 2015 : « Je ne suis pas contraint de ne parler qu'en corse, même si je l'ai fait en décembre dernier. » Il n’y a donc pas eu de provocation et Manuel Valls a mis les formes lui aussi : « Je veux rassembler, pas exclure. L’unité, ce n’est pas l’uniformité », a-t-il lancé. Des mots destinés de toute évidence à apaiser.

Cette séance à l’Assemblée territoriale de Corse ce matin s’est donc conclue par quelques avancées techniques, mais la persistance de désaccords politiques. Pour Gilles Simeoni, le président autonomiste de l'exécutif corse, c'est peu : « Au plan technique, il y a incontestablement un certain nombre d'avancées ; au plan politique, le Premier ministre et le gouvernement n'ont malheureusement pas su, ni voulu donner à cette occasion la dimension qu'elle mérite. » Manuel Valls aura au moins évité le conflit ouvert.

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