Le parc omnisports Youri Gagarine où s'est déroulé l'hommage a accueilli plusieurs centaines de personnes qui ont auparavant été fouillées minutieusement selon un protocole semblable à celui appliqué dans les aéroports.
« L'émotion intense en réaction à cet acte ignoble ne se tarira pas, ni ici, ni au-delà », a déclaré le maire de la commune, Hubert Wulfranc (PCF), très ému à la tribune. « Seules des paroles et des actes de paix au quotidien aideront à la sérénité et à la cohésion des familles d'ici et de partout ailleurs », a-t-il lancé. « Nous sommes au travail, Jacques Hamel, aussi longtemps qu'il le faudra, pour être les derniers à pleurer », a-t-il ajouté, avant d'être longuement applaudi.
Cet hommage s'est tenu à environ 500 mètres du domicile des parents d'Adel Kermiche, un des assassins du père Jacques Hamel, égorgé mardi à l'âge de 86 ans. Plusieurs représentants religieux étaient présents dont l'archevêque de Rouen Dominique Lebrun, mais aussi des personnalités politiques comme Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel et ancien élu de la région.
Depuis le drame qui s'est déroulé mardi matin, les fleurs, les bougies, les messages se multiplient devant la mairie, devant le presbytère où habitait le père Hamel, et devant l'église, toujours fermée et entourée de barrières métalliques. Elle sera rouverte « dans quelques semaines » et un « rite pénitentiel de réparation sera accompli afin de rendre au culte l'église profanée », a précisé le diocèse de Rouen.
Les obsèques du père Hamel auront lieu mardi 2 août à 14H00 à la cathédrale de Rouen. L'inhumation aura lieu dans la plus stricte intimité familiale, selon le diocèse.
Le CFCM appelle les musulmans à se mobiliser
De son côté, le Conseil français du culte musulman (CFCM) appelle ses fidèles à prier dans les 2 500 mosquées de France ce vendredi 29 juillet. Il les invite également à se rendre dans les églises à l'occasion de la messe du dimanche. « Nous avons invité les responsables des mosquées, les imams et même les fidèles à constituer quelques délégations et à aller rendre visite à l'église la plus proche de chez eux », explique le président du CFCM Anouar Kbibech contacté par RFI.
Pour lui, ce geste symbolique vise « à la fois à transmettre un message de fraternité à l'ensemble de nos compatriotes chrétiens, mais également envoyer une message d'unité et de cohésion à l'ensemble des composantes de la communauté nationale, face à ce piège qui nous est tendu et dans lequel on essaye de monter les religions les unes contre les autres. »
Anouar Kbibech condamne aussi une « libération sans précédent de la parole islamophobe », notamment depuis les récents attentats à Nice et Saint-Etienne-du-Rouvray. « Il y a carrément des appels au meurtre de musulmans qui prolifèrent sur les réseaux sociaux et l'inquiétude grandit au sein des fidèles ou des citoyens français de confession musulmane », déplore-t-il, appelant les autorités à « prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer leur sécurité ».