« Frapper à tout moment, en tout lieu, en toute circonstance, telle est la propagande criminelle et fanatique de l’organisation terroriste Daech », a commencé le procureur de Paris François Molins lors de sa déclaration à la presse, après l’attaque contre l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray revendiquée par le groupe EI.
François Molins est ensuite revenu sur l’attaque de ce mardi, douze jours après l’attentat de Nice qui a fait 84 morts. Il était 9h25 ce matin lorsque deux personnes équipées d’armes blanches ont pénétré dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, une localité proche de Rouen, dans le nord-ouest de la France. Six personnes se trouvaient à l’intérieur de l’édifice religieux : le prêtre, trois religieuses et un couple de paroissiens. Une des religieuses est parvenue à fuir et à donner l’alerte au commissariat.
Des agents de la BRI et la BAC se alors sont rendus sur place et ont entamé des négociations à travers une petite porte située à l’arrière de l’église. Ils ont tenté une incursion mais n’ont pas pu pénétrer à cause d’un « rideau » formé par les otages. Les deux assaillants sont ensuite sortis de l’église précédés des deux religieuses et de la paroissienne. Aux cris de « Allah akhbar », l’un d’eux s’est élancé sur les forces de police, a rapporté le procureur de Paris. Les deux hommes ont été abattus. L’un était en possession d’un faux engin explosif et de trois couteaux. L’autre d’un minuteur de cuisine et d’un sac dans lequel se trouvait un faux engin explosif.
A l’intérieur de l’église, les policiers ont découvert le corps du père Jacques Hamel, tué par blessures à l’arme blanche au thorax et à la gorge, et le paroissien, âgé de 86 ans, lui aussi touché à la gorge. « Son pronostic vital n’est pas engagé », a indiqué François Molins.
Deux tentatives de départ en Syrie
L’un des deux assaillants a été formellement identifié dans l'après-midi grâce à ses empreintes papillaire. Il s’agit d’Adel Karmiche, né le 25 mars 1997 à Mont-Saint-Aignan, en Seine-Maritime. Sans condamnation sur son casier judiciaire, il était « toutefois connu de la justice antiterroriste », a ajouté le procureur. Le jeune homme avait en effet été mis en examen pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste après deux tentatives de départ en Syrie en mars et mai 2015.
Adel Karmiche avait été placé en détention provisoire, qui a pris fin le 18 mars 2016. Le juge d’instruction antiterroriste a alors ordonné son placement sous contrôle judiciaire « dans le cadre d’une assignation à résidence sous surveillance électronique avec un certain nombre d’obligations », a indiqué François Molins. Le parquet de Paris avait fait appel de cette décision qui a été confirmée.
L’identification du second assaillant est toujours en cours, a ajouté le procureur de Paris. Un peu plus tôt, une source policière avait confié à l’Agence France-Presse qu’une carte d’identité avait été retrouvée sur les lieux de l’attaque.
Le procureur de Paris a par ailleurs rapporté que deux perquisitions avaient été menées à Saint-Etienne-du-Rouvray, et l’une d’elles a conduit au placement en garde à vue d’un individu mineur né en 1999 en Algérie. Il s’agit du frère cadet d’un jeune faisant l’objet d’un mandat d’arrêt pour parti sur la zone irako-syrienne avec les papiers d’identité d’Adel Kermiche.