Saint-Etienne-du-Rouvray: les églises françaises menacées depuis janvier 2015

Si l'attaque de ce mardi 26 juillet de l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray, en Normandie, constitue une première en France, d'autres lieux de culte catholiques ont déjà été la cible de projets d'attentats ces derniers mois sur le territoire. Depuis janvier 2015, les lieux de culte sont des cibles privilégiées du groupe Etat islamique.

La menace planait depuis des mois. L'attaque lancée ce mardi contre l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, en Normandie, a confirmé la crainte des autorités françaises de voir des lieux de culte être pris pour cible par le groupe Etat islamique.

La question de la protection des lieux de culte avait émergé quelques jours seulement après les attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et une supérette casher qui ont poussé les autorités à lancer l'opération Sentinelle. Quelque 1 227 sites chrétiens sont actuellement protégés via ce dispositif de surveillance de lieux sensibles qui mobilise forces de sécurité intérieure et militaires. Un millier de sites musulmans font également l'objet de surveillance ainsi que 794 sites juifs.

Menace concrétisée en avril 2015

La menace pesant sur les lieux de culte catholiques s'était concrétisée en avril 2015 lorsque la police avait annoncé avoir déjoué un projet d'attentat contre une église à Villejuif (Val-de-Marne). Trois mois plus tard, en juillet 2015, le groupe État islamique, appelait dans son magazine Dar al Islam à viser les « endroits fréquentés », citant entre autres les églises.

« Juste après l'attentat déjoué de Villejuif, on avait fait attention à ne pas ouvrir toutes les portes des églises, on était vigilant à qui entrait, mais ça ne tient pas dans la durée, il faut être réaliste, assure Vincent Neymon, porte-parole adjoint de la Conférence des évêques de France. Nous savons aussi que l'Etat ne peut pas mettre des forces de l'ordre devant tous les lieux de culte, et même si c'était le cas, cela suffirait-il ? La peur est là et ce genre d'actes renforce la peur, mais nous faisons tout ce qu'il faut pour la surpasser, pour vivre notre foi. C'est par la cohésion que nous arriverons à vaincre, il faut à tout prix éviter les fractures, les replis au sein des communautés et de la société. »

Selon un récent rapport parlementaire sur les moyens de lutte contre le terrorisme, le choix des sites à protéger s'est fait en concertation avec les préfets et les autorités cultuelles locales. Un état des lieux est adressé toutes les semaines à la mission de protection des lieux de culte. À deux reprises l'an dernier, pour les fêtes chrétiennes du 15 août et de Noël, des instructions ont été données aux préfets et aux forces de police et de gendarmerie pour renforcer la vigilance autour des églises.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve mettait notamment en garde contre des « modes opératoires nouveaux » et des cibles « de plus en plus diversifiées », soulignant « l'exceptionnelle force symbolique » que constituerait une attaque contre une église.

Les communautés religieuses solidaires

Cette attaque sans précédent a été condamnée par les autres communautés religieuses qui ont exprimé leur « totale solidarité ». Le Conseil français du culte musulman (CFCM) « condamne avec la plus grande vigueur cet acte terroriste lâche et barbare » et exprime « sa grande émotion et sa totale solidarité avec l'ensemble des chrétiens de France ».

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a pour sa part exprimé son sentiment d'horreur et de tristesse face à cet attentat qui « marque une nouvelle étape dans la progression du terrorisme en France ». Le Crif « exprime notamment son indignation que des bâtiments religieux soient visés ».

La crainte de crispations entre communautés a été esquissée par l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui a appelé sur Twitter à ne pas « tomber dans le piège de la guerre de religion. Ces crimes sont ceux d'assassins auxquels la plus grande fermeté doit s'appliquer ».

Avec Reuters

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