Tahar est Niçois. Il a perdu son ex-femme Olpha et son fils unique Kivian dans l’attentat du 14 juillet. Après le choc et les larmes, il décide de porter plainte contre l’Etat et la mairie de Nice. Il dénonce le manque de sécurité : « La Promenade des Anglais était ouverte jusqu’au boulevard Gambetta. Est-ce que c’est normal ? Il y avait 33 000 personnes, des femmes, des bébés, des enfants, des vieilles. Je ne sais pas, il y avait quatre policiers qui regardaient les étoiles. Il n’y a rien là. Il n’y avait pas de sécurité là-bas. Il n’y avait rien. »
Des mesures de sécurité insuffisantes, dénoncées également par Mohamed, également en colère : « On aurait pu éviter cela. Bien sûr qu’on aurait pu l’éviter, en renforçant la sécurité, en demandant à l’ordre public de bien faire son travail par exemple. Beaucoup d’amis m’ont dit : "on les voyait prendre des photos du feu d’artifice". Le camion a parcouru deux kilomètres, personne ne l’a intercepté. Pas un hélicoptère, rien du tout. Personne ne l’a vu. »
De son côté, la mairie de Nice n’a pas encore reçu de plaintes des familles. Mais sur les réseaux sociaux, des collectifs de victimes commencent à s’organiser.
■ L'indemnisation : quelle définition pour le mot victime?
« En France, toute victime d'un attentat, quelle que soit sa nationalité peut être indemnisée. » C'est ainsi que le Fonds de garantie des victimes d'actes de terrorismes et d'autres infractions (FGTI), définit ses critères. Famille des victimes, blessés physiques et bien sûr psychologiques. Le processus d'indemnisation va débuter « dès la fin de la semaine », a indiqué Juliette Méadel, la secrétaire d'Etat aux victimes. Mais plusieurs associations de victimes jugent le processus d'indemnisation imprécis.
A Nice, ce 14 juillet, 30 000 personnes étaient sur la Promenade des Anglais. Toutes victimes potentielles. « Il est très important que juridiquement, on puisse qualifier quelles personnes sont considérées comme victimes. Ce n'est pas parce que l'on peut prouver que l'on était le 14 juillet sur la Promenade des Anglais que pour autant on a vu le camion. Est-ce que le fait de l'avoir vu suffira ? La difficulté pour les victimes va vraiment porter sur les termes de la présence sur les lieux », explique Valentine Juttner, avocate pour l'Association des victimes de terrorisme.
Des critères à préciser et un fonds limité. Doté de 1,3 milliard d'euros, il se finance grâce à une taxe sur les contrats d'assurance-dommages. Pour Stéphane Gicquel, secrétaire général de la Fédération nationale des victimes d'attentats, il n'y aura pas d'autres solutions que de l'augmenter : « Pour moi, ce n'est politiquement pas possible de dire, alors que la menace terroriste est au maximum, qu'on s'occuperait moins bien des victimes. Prendre soin des victimes est un acte de résistance au terrorisme. Ce serait une vraie défaite de se dire que l'on va moins bien indemniser les victimes de terrorisme. »
Pour les attentats de novembre 2015, le fonds a anticipé un coût de 350 millions d'euros. Avec Nice, il sera revu à la hausse.
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