Quatre jours après l’attentat de Nice, revendiqué samedi par l’organisation Etat islamique, les circonstances de l'attaque qui a fait 84 morts et le profil de son auteur se précisent. A ce stade, a indiqué le procureur de Paris François Molins lors d'une déclaration à la presse, l'enquête n’a révélé « aucune preuve d’allégeance à l’organisation terroriste EI », « ni des liens avec individus se réclamant de cette organisation ». L’exploitation de l’ordinateur de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a cependant montré un « intérêt certain » mais « récent » pour la « la mouvance jihadiste radicale ».
Le chauffeur-livreur tunisien de 31 ans a ainsi effectué depuis le 1er juillet des recherches quasi quotidiennes de vidéos de « sourates du Coran » et d’« anachids », ces chants religieux utilisés par le groupe Etat islamique comme outils de propagande. Il a également effectué des recherches sur l’Aïd-el-Fitr, la fête marquant la fin du ramadan, et les récentes attaques d’Orlando et de Magnanville, commises par des individus se réclamant de l’organisation terroriste. Des photos en lien avec l’islam radical et de couvertures de Charlie Hebdo ont par ailleurs été découvertes sur son disque dur.
Le caractère prémédité de l’attentat confirmé
L’exploitation de l’ordinateur a confirmé le caractère prémédité de l’attentat. Elle a permis de découvrir que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait effectué des recherches sur les festivités du 14-Juillet à Nice, sur des vidéos d’accidents mortels de véhicules, la location d’un poids lourd et l’adresse d’une armurerie à Nice.
On savait déjà que le camion frigorifique utilisé pour l’attaque avait été réservé dès le 4 juillet pour une location le 11 juillet. Alors qu’il aurait dû le restituer le 13, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel l’avait stationné dans un quartier de la ville. Entre-temps, les caméras de surveillance municipales l’ont vu effectuer à deux reprises le même parcours sur la promenade des Anglais à bord de son véhicule. Les enquêteurs ont découvert en examinant son téléphone que le tueur s'était pris en photo à quatre reprises sur l'avenue niçoise ou à ses abords. « L’ensemble de ces éléments conduit à analyser les faits comme un attentat pensé et préparé, au moins dans les jours précédant le passage à l’acte », a déclaré François Molins.
Un homme à la sexualité débridée
Les nombreuses auditions effectuées par les enquêteurs décrivent un homme « particulièrement violent avec sa femme et ses enfants ». Elles ont également permis de tracer le portrait d'un homme à la sexualité débridée, aux nombreuses conquêtes féminines et masculines. Parmi les personnes entendues, un homme de 74 ans est ainsi présenté par certains comme l'un de ses amants.
Le procureur de Paris a par ailleurs indiqué lors de sa déclaration que les opérations de médecine légale concernant les 84 personnes tués dans l'attentat, parmi lesquelles dix enfants et adolescents, étaient désormais terminées. Soixante-et-onze d'entre elles ont été « formellement identifiées » et 52 permis d'inhumer ont été délivrés, a-t-il précisé.