Avec nos envoyés spéciaux à Nice, Raphaël Reynes et Richard Riffoneau
Plus de deux jours après l'attentat de Nice, revendiqué samedi 16 juillet par le groupe Etat islamique, le terrible travail d’identification des victimes est encore en cours. L’identité des 84 personnes tuées par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel sur la promenade des Anglais, dont 10 enfants et adolescents, tombe au compte-gouttes. Et certaines familles sont toujours à la recherche d’un proche.
La difficile identification des victimes
Ne pas commettre d'erreur, ne laisser aucun doute, établir l'identité exacte des victimes. Pour cela, plus d'une vingtaine de médecins légistes sont mobilisés depuis trois jours à Nice, ainsi que le très moderne laboratoire mobile d'analyses ADN de la Gendarmerie nationale.
Jusque-là, les 84 corps ont été passés au scanner interne et externe. Pour la grande majorité d'entre eux, aucun examen supplémentaire n'est nécessaire. Mais pour 13 victimes, les causes exactes du décès restaient incertaines et une autopsie a dû être réalisée.
A l'issue de ces deux processus d'identification et de médecine légale, les familles qui le souhaitaient pouvaient venir voir les corps. Douze présentations ont été ainsi organisées ce samedi.
Ensuite, les certificats de décès et les permis d'inhumer ont commencé à être établis. Les services d'Etat civil de la mairie de Nice sont restés ouverts, ce dimanche pour accélérer ces formalités.
André, Camille ou encore Dillan. Leurs prénoms et leurs photos sont apparus parfois quelques instants seulement sur les réseaux sociaux après l’attaque par le chauffeur du camion. Et pour cause : leurs proches s’inquiétaient de ne pas avoir de nouvelles.
Le lendemain de l’attaque, le 15 juillet, 16 corps restaient à identifier parmi les 84 victimes. Deux jours et demi plus tard, certains prénoms sont toujours là, certaines photos réaffichées sans cesse sur Internet, mais aussi dans les rues de Nice.
Certains Niçois continuent de chercher leurs proches. Pour eux, les dernières quarante-huit heures ont été interminables : d’hôpitaux en centres d’accueil, en cellules de soutien psychologique, des proches ont fait des tests ADN.
Il fallait le faire pour qu’ils soient comparés à ceux des victimes toujours inconnues, avec parfois de bonnes nouvelles, et parfois l’espoir qui s’éteint brutalement. Comme pour ce papa qui a appris qu’après sa femme, jeudi soir, il avait perdu son fils de 4 ans.
Des centaines d’affichettes sur l’ambassade des Etats-Unis
De son côté, l’ambassade des Etats-Unis invite toute personne qui aurait des informations à appeler ses services.
Des centaines d’affichettes avec les visages et des descriptions de citoyens américains dont on est toujours sans nouvelles sont collées sur le bâtiment.
« Nous avons vécu cela lors des attentats du 11-Septembre, nous vivions à New York à l’époque. Nous sommes désolés que la France doive subir cela désormais », témoigne Mary, une Américaine venue de Caroline du Nord avec son mari.
Et d’ajouter : « Je suis triste pour les victimes, leurs familles et pour Nice. Mais je crois que le terrorisme fait partie de nos vies et nous devons l’accepter jusqu’à ce que cela s’arrête, si ça s’arrête un jour. »
■ Les Français de New York se sont réunis à Manhattan
Sous un soleil de plomb qui a peut-être découragé certains expatriés, près de 150 personnes se sont retrouvées sous l'Arc de triomphe de Washington Square, symbole de liberté à New York, samedi 16 juillet.
« On sent qu'on ne peut pas faire une différence. C'est dur, c'est difficile, car on a envie d'être avec ses proches. J'ai des amis qui étaient à Nice. C'est vraiment ce sentiment d'impuissance qui est le plus dur », explique cette expatriée au micro de notre correspondante Marie Bourreau.
« Je refuse de dire que c’est notre avenir »
Sébastien travaille comme maître d'hôtel dans un grand palace new-yorkais. Drapé aux couleurs tricolores, il n'envisage pas une seconde de ne pas retourner un jour en France. « Je refuse de dire que c'est notre avenir. Je vois très bien mon avenir en France comme je le vois ici », scande-t-il.