C’est la tonalité qu’entend donner Le Parisien Dimanche, avec une lumineuse photo « de Une » prise sur la promenade des Anglais, pavoisée de deux drapeaux français flottant mollement sous un ardent soleil, mer tranquille en toile de fond. « La vie plus forte que la peur », lance ce journal, qui publie un cahier central consacré à « Nice la belle », la ville que l’on aime « plus que jamais », énonce Le Parisien Dimanche.
Pas question pour autant de, déjà, tourner la page. La presse dominicale, à son tour, revient longuement sur les circonstances de l’attentat du 14 juillet. Dans Le Journal du Dimanche, le Premier ministre affirme que « nous allons gagner cette guerre contre le terrorisme ».
Un volontarisme solennel visant aussi à prévenir les risques de désunion nationale en France. Lors de son intervention télévisée du 14 juillet, François Hollande avait annoncé la prochaine levée de l’état d’urgence. Quelques heures après, à l’inverse, il a décidé de le prolonger de trois mois.
Mais était-ce opportun ? C’est la question que pose L’Obs. Cet hebdomadaire remarque que, si pour les uns, cette mesure était nécessaire, pour d’autres, comme le député LR Georges Fenech, la prolongation de l’état d’urgence relève surtout de « l’affichage politique ». Le président de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015 trouve que « ça rassure, c'est tout », relève le journal. L’Obs observe aussi que, dans son camp, plusieurs voix n’ont pas tardé à s’élever pour dénoncer des « manquements » en termes de sécurité et de renseignement malgré l’état d’urgence. C’est le cas d’Alain Juppé, qui a déclaré que « si tous les moyens avaient été pris, le drame n'aurait pas eu lieu ». De quoi faire bondir le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, qui a dénoncé le « manque total de responsabilité » de cet ancien Premier ministre.
Attentat de Nice : désunion nationale
Mais ce matin, Alain Juppé persiste et signe dans Le Parisien Dimanche en déclarant que « les ministres feraient mieux d’assumer leur responsabilité plutôt que de s’en prendre à l’opposition ». Pour compléter, ce candidat de poids à la primaire de la droite qu’est Alain Juppé le martèle : « Le fatalisme n’est pas une politique, dit-il (…) si nous sommes en guerre, tirons-en les conséquences. »
Jusqu’où pourrait aller la polémique ? Et comment mettre balle à terre ? Ce matin encore, Manuel Valls met en garde. Dans l’entretien qu’il a accordé au Journal du Dimanche, le Premier ministre prévient aussi que, même si c’est « dur à dire, il y aura d’autres vies (qui) seront fauchées ». Il souligne que « les services de l’Etat et la ville de Nice avaient préparé ensemble ce 14 Juillet, comme ils avaient préparé le carnaval ou l’Euro ». Et, s’adressant à l’opposition, le chef du gouvernement ajoute : « Si même ceux qui étaient considérés comme modérés participent à cette dérive démagogique, c’est très grave. Les Français ne l’accepteront pas. »
Mais d’autres vont plus loin, « appelant carrément à l’instauration d’un état d’urgence permanent », enchérit Marianne au sujet du président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti (LR), ou du député Olivier Falorni (ex-PS). Confusion donc. Et début de polémique que relève l’hebdomadaire Le Point, qui s’alarme lui aussi ce cette « désunion nationale ».
Ce risque est en effet aujourd’hui celui de la déchirure de l’unité nationale face au terrorisme. Risque que Le Point résume d’une question : « Le combat politique, le nécessaire débat démocratique autorisent-ils tous les excès, toutes les outrances de la démagogie ? L'enquête commençait à peine, le pedigree de l'assassin n'était pas encore connu, l'identification des victimes n'était pas même achevée que des “responsables” politiques déclenchaient déjà la polémique. Oublié, “l'esprit du 11 janvier” ; oubliée, la nécessaire unité nationale lorsque le pays est ainsi frappé. Désunion nationale pour tout le monde ! »
Turquie : Erdogan plus fort que jamais
En Turquie, tout est allé très vite. En une nuit, la tentative de coup d'Etat contre le régime Erdogan a été balayée. Et ce putsch manqué « renforce Erdogan », souligne le Journal du Dimanche, car le président turc a « écrasé le coup d'Etat », avant de prévenir : « Sa riposte ne fait que commencer ».
Justement, se demande Le Parisien Dimanche, après cette sanglante tentative avortée de renversement par la force du régime Erdogan, « quelles conséquences politiques et diplomatiques » ? Des questions, des spéculations... à suivre donc...
UA-CPI : ça passe ou ça casse à Kigali
Le sommet de l’Union africaine s’ouvre ce matin à Kigali. Du jamais vu à l’Union africaine : une séance à huis clos des chefs d’Etats avant la cérémonie d’ouverture ! Ces bien secrètes palabres débutent dans une demi-heure et cette confidentielle séance est prévue pour durer trois heures et demie, rien que ça !
Sur nos antennes, nous avons déjà évoqué les sujets qui fâchent à Kigali. Il en est un autre : le retrait en bloc des pays africains de la CPI. Et en effet, parmi les sujets qui fâchent, il convient de ne pas omettre un « éventuel retrait de la CPI », énonce le site du magazineLe Point. Comme le souligne ce journal français, « après l'Afrique du Sud, l'Ouganda et Djibouti, le président soudanais (Omar el-Béchir), soupçonné de crimes contre l'humanité, crime de guerre et génocide lors du conflit au Darfour, pourra donc circuler librement à Kigali, où, selon Paul Kagamé, “il est le bienvenu”, “à tout moment”. Des déclarations en forme de pied de nez à la justice pénale internationale », estime Le Point.
Qui se demande si les 34 États africains ayant ratifié le Statut de Rome souhaiteront ou non afficher la même « défiance » à l'égard de la CPI ? Le « succès » du procès d'Hissène Habré conduit par les Chambres africaines extraordinaires, juridictions africaines ad hoc, « pourrait constituer un argument, avance le site d'info Bénin Monde Infos », cité par Le Point. Pour la CPI, ce matin, ça passe ou ça casse à Kigali !