« Une énorme attente pèse sur le gouvernement », c'est le président qui parle dans le Salon Murat de l'Elysée, celui dédié aux rendez-vous en grand format. On est alors en tout début d'après-midi. La grande réunion ministérielle rassemblant l’ensemble du gouvernement vient de s’achever. Le point a été fait sur l’avancée de l’enquête et l’application des mesures annoncées dans la nuit de jeudi à vendredi par le président de la République. C’est le moment que choisit François Hollande pour faire passer un message.
Le chef de l’Etat est dans une colère froide, offensif, très agacé après les critiques de la droite, en particulier celles de l’ancien maire de Nice, Christian Estrosi. « Nous avons fait ce qu’il fallait, il faut le dire, lever les doutes », affirme François Hollande. Terminées les dissonances entre le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur sur le profil de l’auteur de l’attaque meurtrière, « des différences d’expressions », selon leurs conseillers.
Face à la droite, le gouvernement fait bloc. « Les Français jugeront très sévèrement les diviseurs », assure François Hollande.
Précis, très sec, Bernard Cazeneuve a répondu point par point sur la soirée du 14 juillet à Nice. Les effectifs de la police nationale ? Elle était très présente sur la promenade des Anglais. La sécurisation des festivités ? « Une préparation conjointe entre l'Etat et la ville de Nice ».
100 000 gendarmes et policiers pour assurer la sécurité des Français
Appelant « tous les Français qui le souhaitent » à rejoindre la réserve opérationnelle, le ministre de l’Intérieur a réaffirmé : « le niveau de sécurité est actuellement très important ».
La place Beauvau chiffre à 100 000 le nombre de gendarmes et militaires qui assurent actuellement la sécurité des Français. Et pour marteler l'engagement du gouvernement, Bernard Cazeneuve a rappelé que depuis le début du quinquennat 9 000 emplois de policiers et gendarmes avaient été « recréés ». « Nous n’avons cessé de dire que le niveau de menace était élevé », a-t-il conclu, comme pour éteindre l’offensive contre l’exécutif.
Plus tôt, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll avait reproché à Alain Juppé son « manque total de responsabilité » pour avoir déclaré que « si tous les moyens avaient été pris, le drame de Nice n’aurait pas eu lieu », et critiqué le député Les Républicains Georges Fenech qui avait dénoncé « l’impuissance de l’exécutif ».
François Hollande a aussi livré une nouvelle contre-attaque face à cette opposition qui met en cause sa responsabilité. « Il est plus difficile d’être dans la raison que dans l’émotion », a-t-il dit. Il lui faut enfin rassurer l’opinion, la canaliser aussi, en appelant les Français à rejoindre la réserve opérationnelle. En novembre dernier déjà, le président de la République avait appelé le jour de l’hommage national aux victimes à pavoiser les domiciles. Le drapeau bleu-blanc-rouge avait alors déjà commencé à apparaître aux fenêtres.
Un nouveau Conseil de défense à l’Élysée doit avoir lieu lundi matin. François Hollande a par ailleurs annulé une étape de sa tournée européenne post-Brexit pour être en France mercredi. C’est ce jour-là qu’aura lieu le débat sans doute houleux à l’Assemblée nationale sur la prolongation de l’état d’urgence.