Comme un avant-goût du discours que le Premier ministre prononcera devant la représentation nationale en début de semaine prochaine, afin de défendre la prolongation de l’état d'urgence pour trois mois, et les mesures déjà prises par le gouvernement pour faire face au risque terroriste, Manuel Valls s'en prend à l'opposition, ce dimanche dans les colonnes du JDD.
Le Premier ministre fustige pêle-mêle une « surenchère politique » et une « dérive démagogique ». Il attaque « certains politiques irresponsables », ceux qui disent que l'attentat était évitable. « Le risque zéro n’existe pas. Dire le contraire, c’est mentir aux Français. J’ai toujours dit la vérité sur le terrorisme : on nous mène une guerre, il y aura de nouveaux attentats. C’est difficile à dire, mais d’autres vies seront fauchées. Ce sera long », expose-t-il.
« L'attitude de Christian Estrosi »
Dans le viseur du Premier ministre : Alain Juppé, ancien Premier ministre lui-même, actuellement maire de Bordeaux et candidat à la primaire organisée par la droite en vue de l'élection présidentielle de l'an prochain. « Le rôle des responsables politiques c’est d’être dignes. Si certains dans l’opposition s’y refusent, si même ceux qui étaient considérés comme modérés participent à cette dérive démagogique, c’est très grave. Les Français ne l’accepteront pas », assure M. Valls.
Très actif dans les médias depuis l'attentat, l'ex-maire de Nice est pour sa part cité dans l'interview de Manuel Valls : « Il y a une différence nette entre la dignité d'Anne Hidalgo (maire de Paris, NDLR) après les attentats de janvier et de novembre, et l'attitude de Christian Estrosi », accuse de chef du gouvernement. « Si Christian Estrosi, ancien maire de Nice, avait le moindre doute, il pouvait demander l’annulation du feu d’artifice. Il ne l’a pas fait », rappelle aussi Manuel Valls.
« Remettre en cause l’Etat de droit »
« Je comprends les interrogations, les colères des proches des victimes, qui se demandent : quand cela cessera-t-il ? Quand les mettra-t-on hors d’état de nuire ? Nous leur devons la vérité. L’enquête fera toute la lumière. Mais je ne veux pas de polémiques inutiles. Les services de l’Etat et la ville de Nice avaient préparé ensemble ce 14-Juillet, comme ils avaient préparé le carnaval ou l’Euro », confie le Premier ministre.
Aux yeux de Manuel Valls, en France, « monte la tentation de remettre en cause l’Etat de droit ». « Ce serait le plus grand renoncement », considère-t-il. Le contraste est saisissant avec novembre 2015. L'éxecutif avait alors choisi de tenter de maintenir une unité nationale aujourd'hui rompue. Plus questions désormais de nouvelles mesures d'exception.
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