Quelques heures après cette attaque meurtrière, François Hollande a exprimé son « soutien et sa solidarité » aux victimes, à leurs familles et plus largement aux Niçois. « Le caractère terroriste » de l'attaque de Nice « ne peut être nié », a déclaré le président français, dénonçant une « monstruosité » et annonçant au passage la prolongation de l'état d'urgence pour trois mois dans tout le pays.
Le président, qui était à Avignon, a réagi tout de suite, rentrant à Paris pour se rendre à la cellule de crise du ministère de l'Intérieur, tandis que le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve se rendait sur place. Le président a annoncé des mesures, sans attendre le conseil de sécurité à l'Elysée : prolongation de l'état d'urgence, recours aux réservistes, de nouvelles frappes en Syrie et en Irak. Manuel Valls a annoncé ce vendredi matin le décret d'un deuil national par François Hollande pour les 16, 17 et 18 juillet en hommage aux victimes. Il a appelé la France « à faire bloc », assurant que « l'exécutif ne céderait pas face à une guerre que le terrorisme nous livre ».
Jean-Marc Ayrault, chef de la diplomatie française, a écourté son séjour en Mongolie après l'attentat de Nice, qu'il a tout de suite qualifié de « tragédie ». « Il y a une solidarité spontanée et sincère à l'égard du peuple français », a-t-il déclaré, rappelant que de l'Indonésie et du Bangladesh jusqu'à la France, aucune région n'est épargnée par les actes terroristes. « Chacun est bien conscient que la lutte contre le terrorisme n'est pas finie et qu'elle doit se mener à la fois sur le terrain contre Daech par des voies militaires, mais qu'elle doit aussi se mener par toutes autres voies possibles, contre le financement du terrorisme et contre la radicalisation », a-t-il encore prévenu.
A Nice, « le plan blanc a été mis en œuvre immédiatement. Cela veut dire que les victimes ont été orientées vers les hôpitaux, qui étaient en mesure de les accueillir. Et ce plan a bien fonctionné, puisque les personnes ont pu être accueillies dans des hôpitaux où il y avait la capacité de les prendre en charge, principalement au CHU, et pour les enfants dans un autre hôpital », explique la ministre de la Santé Marisol Touraine.
Du jamais-vu pour les autorités à Nice
Visiblement encore sous le choc, l'ex-maire de la ville et président de la région PACA Christian Estrosi, qui était sur place au moment du drame, a lui été l'un des premiers à réagir, présentant son « soutien » aux familles des victimes. « C'est une souffrance pour notre cité et pour les familles qui sont touchées, pour moi-même. Je le dis, je n'ai jamais eu à faire face à une situation aussi délicate et il me faut être à la hauteur pour témoigner à chacun l'affection et le soutien moral dont ils ont besoin, en même temps que de les accompagner désormais face à ce qui restera un jour extrêmement noir de l'histoire de notre cité mais aussi de l'histoire de France », a déclaré M. Estrosi sur BFMTV.
« C’était un lieu de fête et ce soir, ce qu’on a vécu est tout simplement épouvantable. Et les images que j’ai vues sur place sont terrifiantes. C’est une scène d’horreur absolue. Les témoignages qu’on a recueillis, notamment ceux des policiers, sont terribles. Ce sont des familles, il y a des enfants, beaucoup d’enfants parmi les victimes. C’est une horreur, c’est une tragédie absolue. Il y avait des familles qui partageaient un moment de loisir. Ce sont ces familles qui ont été touchées, qui ont été prises pour cible dans un déchaînement de haine, d’horreur absolue », confie Eric Ciotti, député de la première circonscription des Alpes-Maritimes.
A Paris, les drapeaux des bâtiments seront en berne ce vendredi matin en hommage aux victimes, a annoncé la maire socialiste de la capitale, Anne Hidalgo. « Cet acte barbare a frappé aveuglément des innocents, réunis sur la promenade des Anglais pour célébrer notre Fête nationale et les valeurs fondatrices de notre République (...) Je veux dire (aux familles des victimes), comme j'ai pu l'exprimer au téléphone à Christian Estrosi, que nous partageons leur douleur et que nous sommes à leurs côtés, solidaires et endeuillés », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Le 13 novembre dans tous les esprits
« S'il est trop tôt pour connaître les motivations de l'agresseur, l'ampleur de ce drame ravive en nous les terribles souvenirs du 13 novembre », lorsque plusieurs attentats avaient fait 130 morts. « Il doit en cela appeler les mêmes réponses : intransigeance et fermeté à l'égard de ceux qui nous attaquent, mais aussi unité et vivre-ensemble pour nos populations », souligne la maire de Paris.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a lui aussi condamné avec « la plus grande vigueur » cette attaque. « La France vient d'être touchée une nouvelle fois par un attentat d'une gravité extrême », déplore dans un communiqué le CFCM, en condamnant cette attaque « odieuse et abjecte qui vise notre pays le jour même de la Fête nationale qui célèbre les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité ». Il appelle également les musulmans de France à prier ce vendredi « à la mémoire des victimes de cette attaque barbare ».
L'unité nationale est alors primordiale pour Martine Aubry, maire PS de Lille : « Face à une menace terroriste qui ne faiblit pas, nous devons rester debout et ne rien céder. Au lendemain de ce 14 juillet endeuillé, plus que jamais, notre pays doit rester uni et rassemblé autour des valeurs de la République : la liberté, l'égalité et la fraternité ».
L'importance de la lutte contre le terrorisme
« Si tous les moyens avaient été pris », l'attentat de Nice « n'aurait pas eu lieu », a déclaré vendredi matin Alain Juppé sur RTL. « Bien sûr qu'il faut faire plus, qu'il faut faire mieux. D'abord en ce qui concerne nos services de renseignement ». Le candidat à la primaire de la droite et maire de Bordeaux, a demandé de « mobiliser tous les moyens contre la guerre faite à la France ». François Fillon, ancien Premier ministre Les Républicains rappelle que l'on est « en guerre » sur Europe 1 : « Quand on est en guerre on protège le territoire national. Hier (mercredi) on voulait arrêter l'état d'urgence, on se demande pourquoi et quels sont les éléments qui auraient pu expliquer l'arrêt de l'état d'urgence ». Il considère que les moyens mis en place ne sont pas suffisants : « Tant que nous mènerons ces combats contre le totalitarisme islamique, on sera en état d'urgence. Je pense même que ça ne suffit pas, il faut utiliser tous les éléments de notre droit pour prévenir au maximum des attentats comme celui qui vient d'être commis ».
François Bayrou, président du Modem, renchérie sur RTL : « On ne peut pas se contenter de dire que l'on fait ce qu'on peut (...) Il semble que l'on puisse mettre en place des éléments nouveaux ou des organisations nouvelles en matière de renseignement et de coordination du renseignement ».
Et tous sont conscients que la France ne peut pas le faire seule.
« Il va falloir à la fois trouver des réponses humaines à ces questions, notamment en terme de services de renseignement, de suivi, d'accompagnement, et des réponses structurelles, au niveau européen, à l'échelle des services », annonce Yannick Jadot sur France Info.
Côté Les Républicains, Jean-François Copé rappelle la dimension internationale du risque terroriste : « Le terrorisme islamiste frappe partout, à tout moment, avec la même barbarie, la même lâcheté. Il ne faut rien lui céder, être à la hauteur, défendre nos valeurs jusqu'au bout », s'exprime-t-il sur Twitter.
De nombreuses réactions sur les réseaux sociaux
Sur Twitter, Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, se dit « attristée » et « révoltée » avec les victimes de Nice. Elle a interrompu sa visite en Corse en raison du deuil national de trois jours. L’ex-chef de l’Etat Nicolas Sarkozy a exprimé une « émotion profonde » et une « tristesse infinie » face à l’attaque. Du côté du Front national, Marion Maréchal-Le Pen a posté un message, utilisant les termes « horreur » et « consternation » face à la « barbarie ». La présidente du parti d'extrême-droite Marine Le Pen renchérit : « A nouveau la France plongée dans l'horreur. Pensées pour les victimes. La lutte contre le fondamentalisme islamiste doit démarrer ».
Tristesse, solidarité, révolte. La classe politique, qui a majoritairement choisi les réseaux sociaux pour réagir, apporte son soutien aux victimes, à leurs proches, aux Niçois en général, mais aussi aux forces de l'ordre et aux secours. Certains appellent aussi à ne pas baisser la tête. « Nous ne céderons pas », écrit ainsi le ministre de l'Economie Emmanuel Macron. « Courage », un terme également employé par Florian Philippot, vice-président du Front national.
Pas de polémique pour l'instant, à part Georges Fenech, président Les Républicains de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015, qui tweete : « Tragédie prévisible. Il faut agir plus fort et autrement ».
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