La France est une cible privilégiée des terroristes. Et la menace est devenue permanente selon les experts. L'état d'urgence, qui était maintenu jusqu'au 26 juillet et qui devait être levé après les grands évènements sportifs de cet été, sera finalement prolongé de trois mois. Mais « tous les dispositifs de sécurité ne peuvent pas empêcher un acte de ce type d'arriver. La technique employée à Nice n'aurait pas permis d'entraver cette attaque », a expliqué sur RFI Olivier Chopin, spécialiste des questions de renseignement.
Pour Luc Poignant,membre du syndicat Unité police SGP-FO, la situation est extrêmement compliquée à gérer : «C’est la conjonction d’un certain nombre de phénomènes qui fait que tout est rendu extrêmement difficile aujourd’hui », dit-il. Le choix de l'arme, un camion lancé à toute vitesse sur une foule, mais également le passage à l'acte de « quelqu'un de totalement inconnu, qui n’est absolument pas rentré dans les radars », décuplent les risques.
Une analyse partagée par Pierre Conesa, spécialiste des questions stratégiques internationales : « Comment voulez-vous, même en mettant des hommes armés avec des balles pour des tirs réels, empêcher un engin de cette taille lancé sur une concentration de foule ? Quand vous pensez au nombre de festivals en France l’été, il est toujours possible de faire un attentat terroriste dans un endroit où il n’y aura pas de forces de sécurité. Je crois que cela donne l’idée que la France est particulièrement ciblée, donc il faut se demander pourquoi la France est ciblé à ce point là. »
Qui vise la France ?
Sur les réseaux sociaux, raconte le spécialiste terrorisme de RFI David Thomson, les partisans de l'Etat islamique se réjouissent de cet attentat, mais également les partisans d'al-Qaida. Pour le moment, il n'y a eu aucun communiqué officiel, aucune revendication. «L'Etat islamique a fait de la France, sa cible numéro un en Europe. Et officiellement sa propagande le présente de cette manière- là : c'est une loi du talion en représailles aux frappes de la coalition en Syrie et en Irak. Le premier communiqué officiel de menaces d'attentats en France proférées par le groupe EI, date de deux semaines après le début des frappes en septembre 2014 ».
« C’est une réplique du faible au fort et donc, on se retrouve avec des attentats terroristes qui sont commis ici pour une guerre contre Daech, dans laquelle on n’a aucun intérêt stratégique. Daech, c’est d’abord une guerre contre les chiites, c’est une guerre contre les monarchies du Golfe, contre les Etats de la région, et donc je ne sais pas pourquoi nous faisons la police. Quand les Saoudiens ont décidé d’intervenir au Yémen, les cinq pays arabes qui participaient à la coaltion ont tous retiré leurs troupes. Ils sont tous partis au Yémen. Je ne sais pas ce que fait l’Arabie saoudite au Yémen, mais je ne sais pas plus ce que nous faisons nous contre Daech », analyse Pierre Conesa ce 15 juillet sur l'antenne de RFI.