Attentats à Paris: la France «pas à la hauteur», selon la commission d’enquête

La commission d’enquête parlementaire mise en place au lendemain des attentats du 13 novembre a présenté ce mardi 5 juillet ses conclusions. Si elle juge que les attaques à Paris n’auraient pas pu être évitées, elle va transmettre au gouvernement 39 propositions pour améliorer la lutte contre le terrorisme.

« Nous ne sommes pas à la hauteur de ceux qui nous agressent », a lancé d’emblée le député Les Républicains Georges Fenech, qui a présidé la commission d’enquête. Face à la menace, celle-ci appelle à la création d’une véritable agence nationale de lutte contre le terrorisme, une agence interministérielle qui coordonnerait les activités de toutes les agences de renseignement du pays. Cette agence analyserait la menace, proposerait un plan d’action et gérerait surtout une base de données sur le terrorisme, commune à tous les services. Un outil qui fait aujourd’hui défaut aux forces de l’ordre, dit la commission.

Autre grand enseignement que ces députés veulent tirer : la nécessité de refondre le renseignement territorial, le renseignement de proximité qui peut détecter les premiers signes de radicalisation. La commission préconise de fusionner les services de police et de gendarmerie, et de créer une nouvelle direction générale du renseignement territorial au sein du ministère de l’Intérieur. Cela permettrait, dit-elle, d’assurer une continuité du traitement du renseignement sur l’ensemble du territoire français.

Selon la commission, qui a procédé à près de 200 heures d’auditions au cours des cinq derniers mois, les services de renseignement français ont en effet mal communiqué entre eux, alors que les auteurs français des attaques avaient tous été fichés, contrôlés, écoutés ou incarcérés pendant leur radicalisation.

Les associations de victimes critiques

Mais la commission prévient : améliorer l’efficacité des services de renseignement ne prémunira pas la France de tout attentat. A ses yeux, l'attaque du Bataclan était difficile à déjouer. Une analyse que ne partage pas Caroline Langlade, vice-présidente de l'association Life for Paris. « Pour une victime, c’est très compliqué à entendre. Étant donné que des gens avaient affirmé qu’il y aurait des attentats contre des salles de concert et que rien n’a été mis en place pour protéger ces salles, je trouve que la réponse est assez légère », dit-elle.

Ce scepticisme et ces grincements de dents sont partagés au sein des associations de victimes. Mais Claude Domenach, vice-président de l'association 13 novembre, fraternité et vérité, veut tout de même voir le verre à moitié plein : « On se satisfait d’entendre enfin des politiques nous dire : oui, ça n’a pas marché. Oui, il faut améliorer. Ça change du discours de Bernard Cazeneuve qui a été assez abject lorsqu’il a dit qu’il n’y avait pas de problèmes. »

Ces premiers enseignements tirés ne sont pour l’instant que des propositions. Pour Stéphane Gicquel, de la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs, il faut maintenant passer de la parole aux actes. « Le temps n’est plus à établir un diagnostic, mais à établir un plan d’action. Et une nouvelle fois, on nous explique qu’on est en guerre. Quelles sont les actions concrètes que l’on met en place face à cet état de guerre ? » interroge-t-il. Et de regretter que ces préconisations soient transmises au gouvernement plutôt que reprises immédiatement dans une proposition de loi.

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