« Est-ce que le monde moderne où des gens considérés comme sains ne sont pas paradoxalement, eux, fous ? » Mais alors, si Yannick Pipon, psychanalyste, dit vrai nous serions tous azimutés, foldingues, siphonnés ?
Non, quand même pas autant que cette jeune quadragénaire qui danse près de la fanfare. « Je ne me rendais absolument plus compte que j’étais en état de rêve éveillé. J’entendais dans la rue des gens parler qui ne parlaient pas », raconte-t-elle.
Cela vous fait sourire ? De toute manière le but de cette « Marche des fous » n'est pas de lisser le côté désaxé des malades, mais plutôt de les respecter comme ils sont. « Ce défilé annuel a comme but de favoriser une certaine déstigmatisation de l’ensemble de la population vis-à-vis des personnes qui ont un handicap psychique pour montrer qu’elles sont aussi des citoyens à part entière et d’autre part pour revendiquer haut et fort la valeur de droit fondamentaux , à savoir : la liberté, la dignité, la santé, la citoyenneté, auxquels ont ajoute, nous, le droit au logement, à la culture et au travail », explique Jean-Marc Antoine, l'un des organisateurs.
« Quand on parle de dignité, en France, poursuit Jean-Marc antoine, il y a eu un rapport récent de la contrôleure des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, qui a bien démontré qu’il y a encore des établissements psychiatriques où les patients sont attachés sur leur lit. »
Cette année, l'accent est aussi mis sur l'aspect social. « Quand vous êtes en précarité sociale, vous générez assez souvent des difficultés également psychiques, c’est la réciproque qui est vraie », assure Catherine Barbereau, la porte-parole de la « Mad Pride » qui démystifie la folie depuis trois ans déjà aux côtés d'une dizaine d'associations.