Les déboires d'une réfugiée syrienne avec l'administration française

Une mère de famille syrienne, qui a fui Raqqa avec ses cinq enfants, se trouve confrontée à un absurde imbroglio administratif à Marseille, où elle s'est réfugiée. Sans nouvelles de son mari, enlevé par le groupe EI en novembre 2013, Zubaida se voit imposer de prouver l'existence de son mari par la CAF, la Caisse d'allocations familiales. C'est le début d'une histoire kafkaïenne : devoir fournir des attestations concernant son mari disparu.

Avec notre correspondant à Marseille,  Stéphane Burgatt

Le regard déterminé de Zubaida vacille à l'évocation de son mari Ismael Alhamed, chirurgien à Raqqa fait prisonnier par le groupe Etat islamique en 2013 après la chute de la ville. Elle est sans nouvelles de lui depuis 2013. « Cela fait deux ans et sept mois. Je n'ai jamais eu de message de lui. Tous les jours sur Facebook, je compte les jours et je lui écris une lettre », explique-t-elle.

C'est la CAF de Marseille qui lui assène cette double peine, pour elle et ses cinq enfants. La gestion de son dossier tutoie l'absurde : « Ils m'ont demandé les ressources de mon mari depuis 2013, la carte de séjour, la carte d'identité. Après, ils ont demandé une preuve qu'il était détenu par le groupe EI. Finalement, ils ont demandé un avis de recherche de la police française. »

Face à un mur, un système déshumanisé où l'on coche des cases, Zubaida, impuissante, est sommée de rembourser les aides perçues, autour de 10 000 euros depuis son arrivée. Aidée par une autre réfugiée syrienne et un avocat, elle vient d'obtenir gain de cause, une avancée pour elle et pour les autres réfugiés qui sont - ou risquent de se retrouver - dans cette situation. La Caisse d'allocations familiales promet de traiter plus attentivement ces cas particuliers à l'avenir.

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