Ce mardi matin 24 mai à l’aube, une raffinerie et un dépôt de carburants à Fos-sur-Mer, dans le sud-est de la France, dont les accès étaient occupés depuis lundi par des militants de la CGT, ont été dégagés par les forces de l'ordre qui ont rencontré « une résistance importante », selon la préfecture de police.
De son côté, interrogé sur la radio publique France Culture à propos du conflit social en cours, François Hollande a dit ne pas vouloir « ignorer, négliger ce qui se passe, considérer que ça ne mérite pas une forme de respect par rapport à ceux qui ont des revendications légitimes. » Et le président d’ajouter : « Mais ça ne me conduit pas non plus à accepter ce qui est aujourd'hui un blocage qui est fondé simplement par une stratégie portée par une minorité. »
Valls accuse la CGT
Un peu plus tôt dans la matinée, le Premier ministre Manuel Valls, en visite en Israël et en Palestine, a averti sur les ondes d’Europe 1 que d'autres sites pétroliers « seront libérés » par les forces de l'ordre pour prévenir toute pénurie d'essence. Et le Premier ministre de rappeler que le syndicat contestataire CGT « à la responsabilité » dans son opposition à la réforme du droit du travail.
« Le Premier ministre joue un jeu dangereux en essayant de diviser la CGT, d'opposer la CGT aux citoyens et d'opposer la CGT aux salariés », a estimé pour sa part Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, accusée par Manuel Valls de prendre en « otage » les Français. Pour le leader de la CGT, interrogé par RMC/BFM-TV, « les grèves se votent à la majorité des salariés dans les raffineries avec des scores sans appel », en ajoutant que « l’opinion publique » restait toujours acquise à la « contestation » du projet de loi travail.
Par ailleurs, la CGT des Bouches-du-Rhône a annoncé « une mobilisation renforcée » et dénoncé « un usage inacceptable de la violence » lors de l'intervention policière de ce mardi matin. « Ils nous traitent comme des terroristes alors que nous sommes des travailleurs », a déclaré le secrétaire départemental de la CGT 13, Maxime Picard, déplorant l'usage « de violences », « de gaz » et « de canons à eau » pour déloger les piquets de grève qui bloquaient depuis la veille ces installations pétrolières. Selon Maxime Picard, plusieurs militants cégétistes ont été blessés, notamment par des coups de matraques.
■ La CGT joue la carte de la radicalisation
Le compte à rebours est lancé avant un blocage total. Phillippe Martinez passe donc à la vitesse supérieure. Pour le numéro un de la CGT, c’est le gouvernement qui se radicalise et pas son syndicat. Un gouvernement qui n’a entendu ni les députés en utilisant l'article 49.3, ni les partenaires sociaux en passant outre les manifestations dans la rue.
Pour le syndicat, c’est l’occasion inespérée de retrouver une visibilité après des années difficiles. La CGT a perdu beaucoup de son influence aux dernières élections professionnelles, dans ses bastions comme la SNCF, EDF ou encore Air France. D’où le durcissement du mouvement contre la loi Travail.
Car si, dans la fonction publique, les préavis de grève ne prennent pas, d’autres mouvements sont sur le point de commencer. Après les raffineries, les routiers, les cheminots, la RATP, où la CGT est majoritaire, appelle à une grève illimitée à partir du 2 juin. Et les ports et les aéroports pourraient s’y mettre.
Une radicalisation qui n’est pas sans danger. Les anti-loi El Khomri risquent de voir l’opinion publique se retourner. Pour l'heure, selon les sondages, les Français continuent, majoritairement, à rejeter la réforme.