France: début du procès de l’ex-star de la police française Michel Neyret

Près de cinq ans après sa chute, l'ancienne star de la police lyonnaise Michel Neyret comparaît depuis ce lundi 2 mai devant le tribunal correctionnel de Paris pour corruption et trafic de stupéfiants aux côtés de huit autres prévenus. L’affaire ébranle toute une profession, habituée des rapports troubles avec ses indicateurs.

Au Palais de justice de Paris, Franck Alexandre

Costume sombre, cheveux mi-longs et teint hâlé, Michel Neyret veut porter beau, mais l’ex-policier de choc de la PJ lyonnaise va pourtant vite perdre de sa superbe. Dès le début de la séance, le tribunal le presse de question sur la gestion de ses fameux indicateurs, les frères Benichou notamment bien impliqués dans le milieu lyonnais. Malheureusement pour Michel Neyret, son indicateur Gilles Benichou n’est pas présent à l’audience, il a déserté le procès laissant l’ex-policier bien seul sur le gril.

« Dans ma carrière, j’ai eu trois ou quatre indicateurs, pas plus », explique Michel Neyret qui a toujours privilégié le renseignement humain pour réaliser de belles affaires. L’ancien de l’anti-gang ajoute alors qu’un indicateur « c’est une gestion complexe qui prend du temps. Il faut leur apporter quelque chose. La question est de savoir où l’on place le curseur entre l’intérêt policier et l’entorse à la loi ».

Une méthode aussi vieille que la police, plaide également l’avocat de la défense, David-Olivier Kaminski. « Inviter le commissaire Neyret dans sa villa sur la Côte d’Azur, faire un tour en Ferrari avec lui : est-ce que vous croyez franchement que c’est une si grosse corruption que cela ? Je pense qu’on a vu dans d’autres dossiers des actes et pactes de corruption beaucoup plus graves, plus lourds. C’est peut-être une faute déontologique de la part du commissaire. Est-ce c’est un délit si grave ? J’espère que le tribunal le prendra pas ainsi. »

Michel Neyret, qui a fourni de nombreuses informations sensibles à la pègre lyonnaise, a alors bien du mal à défendre sa gestion très personnelle des indicateurs. « À l’époque, je pensais maîtriser les choses, plaide-t-il. J’ai peut-être été débordé par la situation ». « On a du mal à croire que vous vous êtes fait berner », lui répond le président. « Je n’ai pas fait preuve de professionnalisme », confesse alors penaud le policier déchu. 

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