Avec notre envoyé spécial à Chartres, Julien Chavanne
Avec son humour, comme un pied de nez aux mauvais sondages, François Hollande est venu prendre un bol d’air frais dans une entreprise en pleine forme. Le Danois Novo Nordisk, leader mondial de la fabrication d’injecteurs d’insuline, va en effet embaucher 250 personnes dans les prochaines années. Illustration de cette « France qui va mieux ».
Dans cette visite de terrain, le président n'était pas seul. Son ministre de l'Economie Emmanuel Macron, l'homme qui fait la Une des magazines actuellement, était aussi du voyage. L'idée était de mettre en scène la loyauté du ministre, mais c'est quelque peu raté. L'opération de communication a été parasitée par les tensions palpables entre le président et son jeune ministre.
« Emmanuel, il n'est pas là ? »
Emmanuel Macron et François Hollande sont pourtant arrivés dans la même voiture. « Un trajet amical, comme toujours », selon M. Macron.
Mais pendant la visite, le patron de Bercy est par moment resté loin derrière le président, faisant sa visite presque en solo. Cela a visiblement agacé M. Hollande, qu'on a pu voir chercher des yeux son ministre à plusieurs reprises.
« Emmanuel, il n'est pas là ? », a même glissé le chef de l'Etat à un moment. Mais pas question pour autant de parler de tensions, à en croire Emmanuel Macron : « Non, mais c'est parce qu’il y a une barrière humaine ! Mais on est là, on est venus ensemble et on a travaillé collectivement pour cet investissement », confie le ministre.
Emmanuel Macron, star des « selfies »
Marisol Touraine, ministre de la Santé, est parvenue malgré la barrière humaine à rester collée auprès du président pendant la visite, contrairement à son collègue.
Et à l'issue du discours du chef de l'Etat, Emmanuel Macron était encore à dix pas de François Hollande, enchaînant les « selfies » avec les salariés. Le chef de l'Etat n'a pas voulu en parler. Le sujet, « c'est l'emploi », « c'est le seul sujet », a-t-il dit.
C'est donc palpable, l'agacement monte entre les têtes de l'exécutif et le ministre de l’Economie. Recadré par le Premier ministre Manuel Valls, Emmanuel Macron continue de jouer sa propre partition. Et cela semble fonctionner pour l'instant, puisque selon un sondage, 38 % des Français jugent qu’il ferait un « bon président ». Il serait même le meilleur candidat pour les sympathisants de gauche, derrière Martine Aubry.