Le soleil brille, les slogans fusent, la musique résonne. Tous les éléments d'un cortège réussi sont là. Pourtant, les jeunes manifestants sont moins nombreux que la semaine dernière. « Beaucoup de personnes ne sont pas venues parce qu’on a notre bac à la fin de l’année, explique l’un d’eux. Mais il faut juste se dire que même si on a notre bac, la loi Travail tombera sur nous quand même. »
Un peu plus tôt dans la matinée, 130 jeunes étaient interpellés après des jets de projectiles. Pour Tristan, 18 ans, cela contribue aussi à la baisse du mouvement : « il y a des casseurs, on fait avec, mais c’est complètement stupide. Nous on n’est pas là pour foutre le bordel, on est là pour manifester ».
De leurs côtés, les syndicats étudiants minimisent. « Nous, ce n’est vraiment pas ça qui nous inquiète, on maintient la pression, on est déterminés, explique William Martinet, président de l'UNEF. Ce qui fait bouger ce gouvernement, ce sont les manifestations qu’on fait depuis un mois. »
Ce mardi, quelque 23 800 personnes ont manifesté dans toute la France, selon le ministère de l'Intérieur, soit moins que lors des précédentes journées de mobilisation organisées par les seuls mouvements de jeunesse. Les 17 et 24 mars, les autorités avaient recensé respectivement 69 000 et 43 000 manifestants. Mais les jeunes n'ont pas dit leur dernier mot. Tous espèrent désormais que la manifestation de samedi prochain, qui se déroulera hors semaine scolaire, sera un vrai succès.
Myriam El Khomri reçoit les jeunes mercredi
D'ici-là, la ministre du Travail Myriam El Khomri a prévu de rencontrer mercredi 6 avril les principaux syndicats lycéens et étudiants, accompagnée de la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem et le ministre de la Ville et de la jeunesse Patrick Kaner. Ils écouteront les propositions des jeunes sur la réforme de la loi Travail. Outre le retrait pur et simple demandé par les syndicats, plusieurs points devraient aussi être abordés.
« Nous avons des contrepropositions, assure William Martinet, président de l'UNEF. D’abord, la question de l’emploi stable. Nous voulons une politique publique qui pénalise les contrats précaires et qui facilite l’accès au CDI. Ensuite, il faut un accès des droits sociaux aux jeunes. Nous sommes privés du RSA, généralement privés des allocations chômage, il faut répondre à ça. »
Selon des sources proches du dossier, le gouvernement serait prêt à discuter de plusieurs revendications, avant un arbitrage de Manuel Valls la semaine prochaine. Parmi ces revendications figurent la surtaxation des CDD, la poursuite du versement des bourses quelques mois entre l'obtention du diplôme et le premier emploi, l'augmentation du nombre de place en BTS et une hausse de la rémunération des apprentis.