Manuel Valls monte au créneau, mais en douceur. A la veille de ses premières rencontres avec les syndicats, pour discuter de la réforme du Code du travail qui a suscité une bronca à gauche, le Premier ministre a décidé d’arrondir les angles. Il promet donc des améliorations du texte, contre lequel une pétition a déjà recueilli plus d’un million de signatures.
Deux pistes d'amélioration proposées
Le chef du gouvernement veut répondre aux interrogations, aux inquiétudes. Il entend lever des ambiguïtés contenues dans le projet de loi el-Khomri, enrichir et compléter, faire évoluer ce qui doit évoluer. Deux points particulièrement critiqués par les syndicats devraient faire l'objet d'améliorations, promet M. Valls.
Le barème limitant à 15 mois de salaires les indemnités obtenues par le salarié aux prudhommes en cas de licenciement abusif pourrait être adapté, assure le Premier ministre, qui exclut néanmoins de le remettre en cause. De même pour l'extension des critères de licenciement économique, dont Manuel Valls estime que la loi clarifie des motifs déjà reconnus et appliqués par les juges.
Pas de passage en focr sur le texte ?
Tendant la main aux syndicats, vent debout contre ce projet, le chef du gouvernement persiste dans son affirmation que cette loi relève du « gagnant-gagnant » pour l'entreprise et pour les salariés. Elle relève selon lui de la « flexisécurité » à la française, en donnant des droits nouveaux aux salariés.
Le Premier ministre a visiblement senti le danger. Même s’il continue de plaider pour une réforme essentielle et contre le statu quo, Manuel Valls dément avoir jamais envisagé un passage en force sur cette réforme. Il dit vouloir convaincre. Changement de ton et de méthode : le chef du gouvernement met désormais en avant la pédagogie et le dialogue.
Valls dément jouer une carte personnelle
Surtout, Manuel Valls tente de se débarrasser de cette image de « jusqu'au-boutiste » prêt à tout pour faire passer le texte. « Jamais je ne ferai de chantage à la démission », dit-il, réaffirmant au passage sa loyauté envers le président de la République. Une manière de répondre à ceux qui le soupçonnent de jouer une carte personnelle.
L’exercice est périlleux. Manuel Valls doit concilier sans céder, et son sort à Matignon dépend forcément de sa capacité à y parvenir. Le gouvernement a jusqu'au 24 mars, date de la présentation du texte en Conseil des ministres, pour convaincre les syndicats et organisations étudiantes. Une série de rencontres sont prévues dès lundi entre Matignon et les organisations syndicales.