Une église et une mosquée détruites dans la «Jungle» de Calais

Une église évangélique et une mosquée construites dans la «Jungle» de Calais ont été détruites ce lundi 1er février. Cette destruction a été effectuée dans le cadre d’un arrêté préfectoral, pour des raisons de sécurité.

Les bénévoles de différentes associations et quelques migrants ont démonté la carcasse de bois d’une église catholique, une mosquée à l’abandon et les quelques cabanes qui les entouraient. 

La préfecture a indiqué que les deux bâtiments étaient vides de tout occupant et que ce démontage avait été réalisé « conformément à l’arrêté préfectoral du 19 janvier 2016 qui prévoit l’expulsion d’office des occupants d’une bande de 100 mètres ».

En libérant cet espace, l’arrêté vise à offrir aux forces de l’ordre une meilleure visibilité pour leur permettre d’empêcher les intrusions sur la rocade portuaire, où les migrants tentent de monter à bord de camions pour rejoindre l’Angleterre.

L’opération a été menée dans le calme, mais sous la surveillance de CRS en tenue d’intervention et équipés de flash-ball, a indiqué un correspondant de l’AFP. Des pelleteuses ont terminé le nettoyage de la zone.

« C’est une image très violente de destruction d’église. C’est vraiment inattendu, exceptionnel, dans un pays comme la France, qu’on détruise une église sans prévenir, comme ça. Il en est de même pour la mosquée », a dénoncé sur RFI Christian Salomé, le président de l’association l’Auberge des migrants, affirmant qu’il était au contraire prévu que ces deux bâtiments ne soient pas détruits. « C’est une façon de détruire les religions, c’est de dire : ‘vous voyez, votre religion, quelle qu’elle soit, vous voyez, on casse tout et on n’en a rien à faire’ », a-t-il ajouté.

Un avis partagé par le président du Conseil national des évangéliques de France, Etienne Lhermenault, qui a lui aussi fait part de son étonnement. « La République a-t-elle si peu confiance dans ses propres valeurs qu’elle se croit obligée d’entraver la liberté de culte à Calais comme elle tente ailleurs de la confiner à la sphère privée ? » a-t-il réagi. « Dans le climat général d’hystérie antireligieuse, ces destructions sonnent comme un aveu : faute de pouvoir s’en prendre aux réfugiés, elle essaie de les priver de ce qui nourrit leur espérance », a poursuivi Etienne Lhermenault.