« Il n’y a pas de place dans la République pour des structures qui provoquent, qui appellent au terrorisme ou appellent à la haine », a déclaré le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve à l’issue du Conseil des ministres où la dissolution de trois associations a été actée. Une première selon le ministère de l’Intérieur.
Dans un communiqué, ce dernier précise que ces associations visaient, outre « la promotion d’une idéologie radicale », « à organiser le départ de combattants en zone irako-syrienne (…) notamment le départ d'individus de la mosquée de Lagny-sur-Marne qui rejoignaient l'Egypte auprès d'un imam radical avant, pour certains, de rejoindre la zone irako-syrienne. »
Apologie du jihad et du Front al-Nosra
Cette mesure de dissolution avait été annoncée dès le 2 décembre, jour d’une opération de police visant la mosquée de Lagny que géraient les trois associations. Des perquisitions avaient permis la saisie de munitions de kalachnikov et des vidéos de propagande, et conduit à 22 interdictions de sortie du territoire et 9 assignations à résidence. Une école coranique avait également été découverte au domicile du principal dirigeant des trois associations. Toujours d’après le ministère de l’Intérieur, elle disposait d’un « matériel pédagogique » faisant l’apologie du jihad et du Front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda.
Si la décision de cette dissolution a été prise dans le cadre de l’état d’urgence, les autorités françaises n’avaient pas attendu les attentats du 13 novembre pour s’intéresser à la mosquée de Lagny. L'ancien imam des lieux avait notamment attiré leur attention. Mohamed Hammoumi, un salafiste de 34 ans, était soupçonné d'avoir joué un « rôle majeur dans l'endoctrinement et le recrutement de volontaires pour le jihad en Syrie ». Une dizaine de ses fidèles se sont enrôlés, estiment les autorités. Hammoumi a quitté la France pour l'Egypte fin 2014. Mais ses avoirs financiers ont été gelés.
Le président du Conseil français du culte musulman, Anouar Kbibech, a jugé « normal que la loi s’applique » si des « responsables de mosquées ou imams se rendent coupables d’appels à la haine ou à la violence ». Depuis les attentats du 13 novembre, aux moins deux autres mosquées, sans compter les salles de prière clandestines, ont été fermées, mais seulement pour la durée de l’état d’urgence, en vigueur jusqu’au 26 février.