La primaire du centre et de la droite, organisée par le parti Les Républicains en vue de la prochaine élection présidentielle, aura lieu en novembre prochain et sera inédite de ce côté de l'échiquier en France. Le nombre de ses participants, de ses votants et la composition du corps électoral qui se mobilisera restent des données porteuses d'incertudes. Mais à croire les enquêtes d'opinion actuelles, dont la dernière en date parue ce lundi dans Le Figaro, une tendance nette se dégage : Alain Juppé creuse l'écart, et semble bien parti pour devenir le favori du scrutin, y compris au premier tour.
Dans l'enquête du jour, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac est cité par 38 % des personnes interrogées qui se disent certaines d'aller voter, contre 35 % lors du précédent sondage publié en novembre. Alain Juppé devance désormais largement l'ex-président Nicolas Sarkozy, crédité de 29 % des intentions de vote, contre 34 % précédemment. Son ancien ministre Bruno Le Maire, et son ancien chef de gouvernement François Fillon, profitent également de cette baisse, chacun étant crédité de 12 % contre 9 % il y a deux mois.
Les autres candidats déclarés sont loin derrière. Nathalie Kosciusko-Morizet recueille 4 % des intentions de vote, devant Nadine Morano (2 %), Jean-Frédéric Poisson (2 %) et Hervé Mariton, bon dernier avec 1 % des intentions de vote. Chez les seuls sympathisants du mouvement Les Républicains, les résultats sont différents. Avec 37 % des intentions de vote, Alain Juppé reste deuxième, dernière un Nicolas Sarkozy crédité de 40 %. Mais la tendance est lourde ici également, puisque le président du parti a perdu dix points depuis novembre dans cette catégorie d'électeurs potentiels.
La baisse de Sarkozy « est plus marquée dans le cœur de l'électorat »
Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop, donne sa grille de lecture face à ces chiffres : « On constate une légère progression d'Alain Juppé, mais c'est surtout un mouvement de baisse assez marqué, notamment dans la dernière période, de Nicolas Sarkozy qu'il faut retenir. C'est ce qui explique que l'écart se creuse entre les deux principaux protagonistes. Circonstance aggravante, si je puis dire, pour Nicolas Sarkozy : on s'aperçoit que cette baisse est plus marquée dans le cœur de l'électorat des primaires, c'est-à-dire les électeurs des Républicains. »
Le représentant de l'institut Ifop explique que cette « baisse » de Nicolas Sarkozy dans les sondages est « continue » : « Elle s'est observée enquête après enquête, et s'est accélérée après les régionales. C'est une alerte très sérieuse pour le camp sarkozsyste. Donc il faut absolument qu'il parvienne, dans les semaines qui viennent, à renouer le lien avec ces électeurs qui aujourd'hui, s'interrogent et doutent, sans que pour autant, à droite en tout cas, un candidat n'en profite pleinement. Donc, il y a une espèce de statu quo qui s'installe. »
L'enquête a été menée en ligne du 16 décembre au 7 janvier, explique l'Ifop, auprès d'un échantillon de 5 989 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, et constitué selon la méthode des quotas. L'objectif était de parvenir à un nombre représentatif de personnes se déclarant sûres d'aller voter, explique Jérôme Fourquet dans les colonnes du Figaro, affirmant par ailleurs que cette primaire de la droite et du centre pourrait faire se déplacer « quatre millions d'électeurs potentiels ».