C’est l’une des plus vastes entreprises d’immigration clandestine jamais organisée. Les services de la Direction centrale de la police aux frontières ont mis au jour, lundi 14 décembre à Paris, une importante fabrique de clandestins chinois. Quatorze personnes soupçonnées d’être liées à cette filière ont été interpellées.
Le mode opératoire de ce réseau reposait sur un principe simple et presque imparable. Côté pile, il y avait une école de commerce privée délivrant de vrais diplômes, allant du BTS au doctorat. Côté face, l'établissement multipliait les fausses inscriptions d'étudiants originaires de Chine. Ce sont des informations en provenance de Pékin qui ont mis, au début de l’année, la puce à l'oreille des policiers français.
« C’est un officier de liaison de la police aux frontières qui nous a signalé que, dans des consulats, des agents consulaires s’étonnaient d’avoir beaucoup de demandes de visas pour des étudiants qui se réclamaient d’une école de commerce parisienne », relate Julien Gentile, chef de l'Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi des étrangers sans titre (Ocriest).
Au moins deux millions d’euros de chiffre d’affaires
Des candidats qui payaient jusqu'à 5 000 euros en échange d’une attestation de scolarité nécessaire à l'établissement d'un visa, puis de faux bulletins de notes et autres diplômes. De quoi obtenir un titre de séjour étudiant. A la tête de ce juteux réseau se trouvait l'équipe de direction.
« C’est vraiment le staff de direction qui se livrait à ce trafic, affirme Julien Gentile. Une partie du personnel savait qu’il y avait des dettes, des problèmes financiers sur les comptes réels de l’école. (...) Mais pour la plupart, ils n’étaient pas au courant du mécanisme et surtout de son ampleur. » Selon les policiers, la filière aurait ainsi fait entrer en France entre 500 et 1 000 faux étudiants chinois, pour un chiffre d'affaires d'au moins deux millions d'euros.