Un an et demi qu’on ne compte plus ses mots très durs et ses formules qui claquent : François Hollande ? Il préfère quand la décision vient toute seule « c’est bien plus confortable », Manuel Valls ? « Quelle différence avec la droite » ? Leur politique sur les migrants est « un Waterloo moral »… Mais voilà, les élections régionales sont passées par là. Sur cette cuisante défaite pour les écologistes pas un mot.
L’ancienne ministre du Logement du gouvernement de Jean-Marc Ayrault se concentre sur la dynamique du Front national, une catastrophe politique en marche, dit-elle. Un moyen aussi de justifier auprès de sa base très remontée par la politique du gouvernement pourquoi il faut aujourd’hui tendre la main aux socialistes tant détestés hier…
La présidentielle de 2017 en ligne de mire
Cécile Duflot pousse pour « une coalition de transformation ». Comprendre : un rassemblement avec une orientation plus à gauche. « Je tends la main à François Hollande, déclare Cécile Duflot dans un entretien au quotidien Le Monde. Qu'il revienne à l'esprit de 2012 et rassemble enfin écologistes et communistes désireux de rejoindre un bloc majoritaire de transformation ».
Sa monnaie d’échange sans le dire : ne pas être candidate à la présidentielle, éviter au probable candidat François Hollande de perdre quelques précieux points pour être qualifié au second tour. Une stratégie qui comporte un obstacle de taille : il n’est toujours pas question pour l’exécutif de changer de cap.
Réactions contrastées à gauche
Pour la députée écologiste Barbara Pompili, qui, après Jean-Vincent Placé et François de Rugy, a quitté Europe-Ecologie-Les Verts en septembre, Cécile Duflot est « hors sujet ». « Il n’est pas interdit d’être cohérent et il n’est pas interdit de faire les choses dans l’ordre, assène l'élue de la Somme (Nord). Le rassemblement, il fallait le faire avant les régionales et pas faire quelque chose d’improvisé à la sortie d’élections qui ont été une lourde défaite pour les écologistes… Ce n’est pas en demandant le racomodage d’une gauche plurielle qu’on va s’en sortir. Ce dont on a besoin aujourd’hui c’est de récréer une espèce d’arc républicain. On a besoin de faire ces fameux états généraux de la gauche, des écologistes, des démocrates… pour récréer du sens politique et redonner confiance en la politique ».
Une bonne idée au contraire pour le député socialiste Laurent Baumel, classé parmi les « frondeurs », même les conditions sont loin d'être réunies. Cécile Duflot « a raison de poser la question de l’alliance à gauche en partant du programme, du contenu parce que c’est la manière dont il faut penser le problème de l’alliance. Si l’alliance est une alliance d’appareils pour faire barrage au Front national, ça peut marcher une fois, deux fois mais ça attendra vite ses limites ».
Mais les conditions d'une telle alliance sont-elles réunies alors que le disocurs du gouvernement est de garder le cap et de poursuivre dans le sens des réformes déjà engagées ? « Non, l’urgence n’est pas de maintenir le cap, répond Laurent Baumel, mais de donner des réponses rapides et, à tous ces gens qui ont cru en nous et qui ont été déçus, le sentiment que dans les 18 mois qui restent ils sont dans notre priorité, que nous pensons à eux d’abord et que nous essayons d’agir pour améliorer leurs conditions de vie, c’est ça l’urgence ».