N’étant plus au gouvernement, Cécile Duflot n’hésite plus à exprimer tout le mal qu'elle pense d'un président qu'elle a servi pendant deux ans. « J'y ai cru, je me suis trompée ». La charge est violente. Elle compare le chef de l'État à un personnage de dessins animés, et écrit que « François Hollande n'est le président de personne ». La phrase qui fait involontairement écho au slogan que l'extrême droite affiche partout en France : « Hollande n'est pas mon président ».
Cécile Duflot surfe sur la vague. Mais oublie-t-elle d'où elle vient ? s'indignent plusieurs socialistes écœurés, qui rappellent les législatives de 2012 et l'élection sur un plateau que lui a offert le PS, ou plutôt Martine Aubry, sa « copine ». La maire de Lille elle aussi a d'ailleurs commencé à lâcher ses coups contre le chef de l'État.
Cécile Duflot rêve de réussir là où Jean-Luc Mélenchon a échoué, en cimentant l'opposition de gauche à François Hollande. Mais Hollande n'est pas homme de rupture. Il a besoin des écolos. Il l'a rappelé dans son interview au Monde, en remettant sur la table la proportionnelle aux législatives, une vieille revendication des Verts.
« Ce livre, c’est le solde de tout compte, justifie Cécile Duflot. C’est-à-dire que j’ai raconté moi-même, en ayant laissé passer des mois, quelles avaient été les raisons de mon départ ». À Pessac, près de Bordeaux, où les journées d’été d’EELV battent leur plein, le livre fait cependant débat. « Sur les questions de personnes, c’est un jugement extrêmement sévère. Je souhaite moi aussi un changement de cap politique. Je le dis depuis deux ans et demi, donc je n’ai pas attendu les nouveaux convertis à la critique. Je fais aussi des propositions et je n’oublie pas que je suis dans la majorité », rappelle Jean-Vincent Placé, patron des sénateurs écologistes.
D’autres sont plus nuancés, comme Barbara Pompili, coprésidente du groupe écologiste à l’Assemblée. « Elle avait besoin de dire des choses suite à sa sortie du gouvernement. C’est quelque chose que je comprends et que je trouve dans la logique de notre parti. On a une totale liberté de parole chez nous. C’est ce qui peut faire parfois un outil de sensation, de joyeux bazar. C’est notre identité », sourit-elle. Mais la députée insiste sur un point : la polémique ne doit pas éclipser tout le reste, et durant ces trois jours, c’est l’écologie qui doit être au premier plan.