COP21: une phase décisive s'engage au Bourget

Avec l'entrée en scène des ministres de 195 pays ce lundi, les négociations entrent dans la phase décisive. Après une semaine de discussions entre experts, les négociateurs ont abouti à un texte qui va servir de base pour les discussions. Dans les faits, les négociations entre pays se sont poursuivies tout le week-end et toute la nuit dans les différents hôtels de la capitale et au centre de conférence du Bourget qui reste ouverte 24h/24h.

Pour Laurent Fabius, qui préside la COP21, cette ébauche d'accord est « un progrès», mais «il reste à approfondir et à concrétiser ». Un progrès car le texte même de l'accord a été clarifié. Il se résume à 26 articles sur 21 pages. C'est donc une bonne base de négociations pour les ministres. Rappelons qu'au même stade à Copenhague, le même brouillon d'accord dépassait les 200 pages.

Ensuite que contient-il ? Comme le résume Miguel Arias Canete, le négociateur de l'Union européenne, « soyons francs : tous les sujets politiques difficiles restent non résolus ». L'objectif global sera-t-il de rester en dessous de 1,5 ou de 2 degrés de réchauffement ? L'article 3 sur l'atténuation des émissions de gaz à effet de serre qui s'étale sur 6 pages contient de nombreuses options à trancher à commencer par la date de référence de base pour tous et la manière de quantifier les émissions de chacun.

L'article 6 sur les financements des pays du Nord pour aider les pays du Sud n'est pas plus avancé, il contient 18 options, de la plus volontaire à la moins ambitieuse. Au centre des discussions de ce texte qui doit être équilibré : la répartition de l'effort entre pays développés et en développement.

Les ministres vont donc devoir s'accorder et vite sur toutes ces options et sur le choix des mots comme shall et should, pouvoir et devoir, les deux verbes les plus présents dans ce texte, tout un symbole.

■ Le plan de bataille de la présidence française

Pour faciliter les échanges entre les 195 représentants, la présidence française de la COP21 a mis en place une instance de consultation. Baptisée « comité de Paris », elle va réunir à partir de ce lundi 7 décembre les délégations une fois par jour. Par souci de transparence, les débats seront retransmis sur les écrans de télévision installés un peu partout au Bourget.

La présidence française a aussi créé quatre groupes de travail informels pour avancer sur les questions transversales comme le soutien financier aux pays en développement ou les objectifs climatiques. Deux ministres animeront les débats au sein de chaque groupe. L’équilibre géographique cher aux négociations est respecté car l’un des ministres vient d’un pays développé et l’autre d’un pays en voie de développement. Le premier groupe de travail sur le financement par exemple est présidé par le ministre des Affaires étrangères gabonais Franck Emmanuel Issoze-Ngondet, à ses côtés le secrétaire d’Etat allemand chargé de l’environnement.

À noter également la création d’un groupe de revue juridique et linguistique. Ce groupe doit vérifier au fur et à mesure que les négociations avancent que le texte est juridiquement valide et qu’il est clair dans les six langues officielles des Nations unies. Tout est organisé pour ne pas perdre une minute à cause d’un problème juridique ou de traduction. On voit bien la démarche de la présidence française : accélérer les négociations pour qu’elles débouchent sur un texte final au plus tard jeudi 10 décembre. Les délégations semblent se prêter au jeu car elles ont négocié tout au long de ce week-end, au Bourget et même dans les hôtels.

Notre dossier intégral COP21

Partager :