La mise au point est nette et sèche : travailler avec l'armée syrienne, il n'en est aujourd'hui pas question. Des actions communes, ça pourrait devenir possible, c'est vrai, dit l'Elysée. Mais à plusieurs conditions : si, et seulement si, un gouvernement d'union nationale est en place, un gouvernement « inclusif », insiste la présidence. C'est-à-dire un gouvernement avec toutes les forces politiques en présence y compris la diaspora. Un gouvernement aussi avec un calendrier de transition.
Enfin, rien ne sera possible, précise encore l'Elysée, tant que Bachar el-Assad continuera à massacrer son peuple. Tous ces sujets seront abordés mi-décembre, date de reprise des pourparlers à Vienne, dit un diplomate. D'ici là, la France attend beaucoup de Londres, un vote du Parlement britannique en faveur d'une intervention en Syrie, c'est souhaitable, nécessaire même, selon l'Elysée, rapporte notre envoyée spéciale à La Valette, Anissa El Jabri.
Réaction du régime syrien
Côté syrien, les mots de Laurent Fabius ne sont pas tombés dans l'oreille d'un sourd. A l'occasion d'une conférence de presse conjointe avec le chef de la diplomatie russe, le ministre syrien des Affaires étrangères a évoqué les propos du ministre français.
« Il vaut mieux tard que jamais. Si Fabius est sérieux concernant l’idée de travailler avec l’armée syrienne et avec les forces qui luttent sur le terrain contre Daech, alors nous le saluons », a déclaré Walid Mouallem. Et d'ajouter : « mais cela nécessite un changement radical dans leur manière de gérer la crise syrienne ».
En visite à Moscou, le chef de la diplomatie syrienne n'a pas manqué de critiquer la position de l'Europe dans la crise syrienne, la jugeant « erronée ».Il a plus particulièrement fait référence à la France et à la Grande-Bretagne, « qui ont mené les efforts européens contre le gouvernement légitime en Syrie », selon lui.
Malgré cela, Walid Mouallem a déclaré que l'armée syrienne était « prête à une coordination avec toute force disposée à se concerter avec elle dans le but de lutter contre le terrorisme. » Mais du côté de l'Elysée on dit que si le ministre des Affaires étrangères syrien se félicite de ce qu'il juge être une nouvelle position de la France, c'est qu'il n'a pas compris la ligne de Paris.