Avec notre envoyée spéciale à Moirans, Valérie Gas
La place de la mairie était bien remplie à Moirans, ce vendredi 6 novembre, en attendant Manuel Valls. Parmi les habitants de la petite ville de l’Isère marquée par des violences perpétrées par des gens du voyage le 20 octobre dernier, les sentiments étaient partagés.
Certains affichaient leur sérénité. « Le sentiment d’insécurité ? Pas du tout, témoigne une jeune femme. C’est une communauté avec laquelle on vit depuis une vingtaine d’années et on n’a jamais eu de souci avec eux. » D’autres avaient peur. « Il n’y aura pas d’arrestation. Sur quoi ça va déboucher ? Sur rien. Les trente voyous qui ont fait ça, ils seront impunis », déplore un autre habitant.
Le Premier ministre, venu avec Bernard Cazeneuve, s’est entretenu avec les élus et des habitants de la ville. Il a voulu rassurer. « Il y aura des interpellations et des sanctions, a-t-il assuré. Personne ne peut douter de l’engagement de l’Etat et de la justice pour apporter une réponse légitime à la colère, légitime elle aussi, des victimes comme des habitants. »
De la colère à laquelle Manuel Valls a dû faire face en sortant de la mairie, pris à partie par des jeunes. Le chef du gouvernement est allé au contact. « Personne ici n’empêchera la République d’avancer », répond-il aux invectives. « La République ne plie pas », martèle-t-il quelques instants plus tard à Grenoble pour marquer sa volonté de fermeté.
Réponse à Nicolas Sarkozy
Avant même son arrivée sur place, le socialiste avait donné le ton dans une tribune publiée sur Facebook. Valls y livre sa vision de l’autorité qu’il présente comme une valeur de gauche, le cadre indispensable à l’émancipation individuelle. Le Premier ministre élargit le spectre de l’autorité qui pour lui va bien au-delà de la sécurité, est au cœur de toute l’action de l’Etat et se traduit par des actes, mais aussi par une éthique des comportements.
Une manière de répondre d’abord aux attaques sur l’intervention des forces de l’ordre à Moirans, jugées laxistes par certains, mais aussi à Nicolas Sarkozy. Le patron du parti Les Républicains estimait au début de la semaine qu’il n’y avait plus d’autorité de l’Etat.
« Quand la droite et l’extrême droite instrumentalisent cette thématique, il nous appartient de répondre », explique-t-on à Matignon. Mais en publiant une tribune, en théorisant et en rappelant ses positions sur cette question, Manuel Valls veut aussi montrer qu’il prend de la hauteur, qu’il ne se laisse pas entraîner dans les polémiques politiciennes. Bref, il tente de faire la différence avec ses adversaires politiques pour espérer reprendre la main.