Carcasses de voitures calcinées, restaurant en partie détruit. Ce mercredi, les abords de la gare de Moirans portaient encore les stigmates des émeutes de la veille. Leurs auteurs réclamaient qu’un détenu appartenant à la communauté des gens du voyage puisse assister aux obsèques de son frère, mort la semaine dernière à bord d’une voiture volée après un cambriolage. La cérémonie s’est finalement déroulée sans lui, la permission de sortie lui ayant été refusée.
Manuel Valls et François Hollande affichent leur fermeté
A Paris, le Premier ministre Manuel Valls et le président François Hollande ont organisé une réponse musclée pour répondre au feu roulant de l’opposition qui a été prompte à accuser de nouveau le gouvernement à avoir un sérieux problème avec l’autorité. Ils ont tenu à affirmer leur fermeté sur ce dossier crucial de la sécurité et tenter de rassurer l’opinion publique à moins de six semaines des élections régionales.
« Les troubles ayant eu lieu hier à Moirans sont par leur gravité, leur violence, inexcusables, a ainsi dénoncé Manuel Valls à la tribune de l’Assemblée nationale. Il est intolérable qu’un déchaînement de violences, quelle que soit la raison, soit commis au prétexte de contester par ailleurs une décision de justice. »
Moins d’une heure plus tard, le président François Hollande a affiché la même fermeté lors d’une conférence de presse à l’Elysée. « Lorsqu’il se passe des actes graves qui touchent à la sécurité des biens et des personnes, l’Etat doit être là et ne tolérera aucune attaque, aucune remise en cause de ce qu’est l’ordre public et le bien public. Les sanctions seront prononcées par la justice à la hauteur des dommages qui ont été causés », a ainsi prévenu le président de la République.
Cette double riposte immédiate de l’exécutif est d’autant plus forte qu’en matière d’autorité, l’image du gouvernement est déjà très dégradée. Selon un récent sondage, 85 % des Français considèrent que la justice est trop laxiste.
Une enquête difficile
Mais il faudra peut-être des semaines avant de pouvoir mener des interpellations. « Les interpellations ne sont pas décidées en fonction d’une volonté politique ou en fonction des événements, a répondu le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat. Les interpellations sont décidées dans le cadre des enquêtes qui sont dirigées par le procureur de la République et ces interpellations ont lieu le moment venu. »
Le moment venu, ce sera lorsque les auteurs des violences auront été identifiés... Et ce travail-là peut prendre du temps. « Beaucoup d’éléments sont à exploiter. Il ne s’agit pas d’une enquête facile. La plupart des individus étaient cagoulés et portaient souvent des gants. Ce type d’enquête est extrêmement difficile », a encore indiqué le procureur de Grenoble.
Reste aux enquêteurs les éléments de police scientifique. Les films et photos des émeutes vont être analysés, tout comme l'ADN relevé sur les lieux. Cela coûtera plus cher, reconnaît Jean-Yves Coquillat, mais il l'assure : les frais nécessaires seront engagés.