France: Taubira envisage de mieux cadrer les sorties de détenus

Christiane Taubira se dit prête à modifier la loi sur les sorties de détenus. Une déclaration de la garde des Sceaux qui intervient 24 heures après une course poursuite à Saint-Ouen, en banlieue parisienne, impliquant deux braqueurs. L'un s'était évadé, un policier a été grièvement blessé par l'un des deux hommes qui s'était évadé de prison à la faveur d'une permission.

Détenu depuis septembre 2011, l'homme ne devait sortir de prison qu'en janvier 2018. Mais le 27 mai dernier, l'administration pénitentiaire lui octroie une autorisation de sortie pour aller régler la succession de son père, récemment décédé. Le soir même, le détenu ne réintègre pas la prison. Il est immédiatement déclaré « en situation d'évasion » et un mandat d'arrêt est émis à son encontre ainsi qu'une fiche « S » signalant qu'il se serait radicalisé lors de son séjour en prison.

Ce lundi, quatre mois et demi plus tard donc, la brigade anticriminalité de Saint-Denis, près de Paris, intervient sur un braquage. L'un des deux suspects se rend. L'autre ouvre le feu, blessant grièvement un policier au cou et à la tête avant d'être abattu. Son identification ne prend que quelques instants. Il s'agit du détenu évadé au mois de mai.

Des escortes pour certains détenus

Depuis, la polémique n'a pas cessé d'enfler. Syndicats de policiers et membres de l'opposition réclamant « des comptes » et des « explications » à la ministre de la Justice.

Dans un communiqué, ce mardi, Christiane Taubira promet d'agir et se dit prête à modifier la loi applicable aux sorties de détenus. Une escorte systématique pourrait, par exemple, être mise en place. « Les textes sur lesquels reposent ces octrois de permission pour maladie grave ou pour formalité à la suite d’un décès, n’ont pas été modifiés depuis 2004. J’ai donc également commandé un examen précis pour savoir s’il y a lieu de les modifier de façon à permettre par exemple d’imposer systématiquement une escorte pour certains détenus, y compris pour ces motifs de maladies graves ou de formalités administratives suite à un décès », a déclaré la Garde des Sceaux.

Une mesure qui ne convainc par le député Les Républicains Eric Ciotti. « Ce qui importe, c’est qu’un détenu considéré comme dangereux reste en prison. Que ce soit au travers d’une permission ou d’un aménagement de peine, argue l'élu. (…) Madame Taubira feint de jouer sur les concepts, sur les mots, mais ce détenu aurait dû rester en prison. Il avait un profil particulièrement lourd, une trentaine de condamnations à son actif. Il était en plus signalé comme en voie de radicalisation. Pourquoi a-t-il bénéficié de cette permission ? »

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