Par cette mesure, le gouvernement espère au final inciter les Français à ne plus rouler au diesel. Le but est de réduire la différence de coût des deux carburants grâce à la fiscalité. En jouant sur les prix, l’Etat espère dissuader les automobilistes d’acheter des véhicules diesels, plus polluants en particules fines et en dioxyde d’azote. Le gouvernement souhaite ainsi mettre fin au traitement fiscal favorable dont bénéficie le gazole, avec une taxation TTC inférieure de 20 centimes par litre par rapport à l'essence.
« Un avantage qui a provoqué une diésélisation massive du parc automobile en France », souligne le gouvernement dans son communiqué. Actuellement, le gazole représente 80% des volumes de carburants écoulés. Cette mesure s’ajoute à une autre prise récemment ; désormais, les propriétaires d’un véhicule diesel de plus de dix ans vont bénéficier de 10 000 euros d'aide. Mais cette prime sera accordée à condition qu’ils achètent un véhicule électrique et qu’ils mettent leur ancien véhicule à la casse…
Rapprochement progressif de la fiscalité
L’objectif du gouvernement est de rapprocher la fiscalité des deux carburants sur 5 ans. Il prend donc le temps afin de ne pas déstabiliser les constructeurs automobiles qui ont beaucoup misé sur le gazole. Dans ce but, une mission d'information sur le diesel sera mise en place la semaine prochaine à l'Assemblée nationale. Elle va étudier l’impact sur les industriels et sur les gros consommateurs de gazole comme les camions et les tracteurs agricoles.
Mais pour les constructeurs, la pilule sera plus facile à avaler, car les deux constructeurs français, PSA et Renault s’orientent depuis des années vers des motorisations essences plus petites, moins consommatrices et plus puissantes. Il faut souligner qu’une telle mesure est devenue aujourd’hui possible grâce à la chute des cours du pétrole, qui a induit une baisse du prix du carburant à la pompe.
Historiquement, le diesel moins taxé en France
Après la guerre, tout au début des années 50 l’Etat a allégé la fiscalité du diesel pour soutenir les routiers et les agriculteurs, qui ne pouvaient pas faire autrement que de rouler au gazole. Mais ce carburant est devenu le préféré des Français après le choc pétrolier des années 70. La France s’oriente alors vers les centrales nucléaires aux dépens de centrales au fioul. Par conséquent, les raffineries se retrouvent avec des surplus de fioul, une matière qui se transforment facilement en diesel.
C’est à ce moment que le gouvernement allège les taxes sur le gazole pour les particuliers et incite les constructeurs automobiles à produire des voitures diesels. Malgré un recul depuis quelques années, les moteurs diesel représentent encore près de 64% des immatriculations en France.