Ce sera très certainement le match de sa vie. A 26 ans et seulement sept sélections avec les Bleus, Alexandre Dumoulin va affronter en tant que titulaire les All Blacks samedi soir au Millennium Stadium de Cardiff. Et ça ne sera pas « Saturday night fever » pour le joueur du Racing 92 qui se voit offrir une chance de montrer aux yeux du monde ce qu’il sait faire avec un ballon ovale dans les mains. Il prend la place de Mathieu Bastareaud (27 ans et 38 sélections) qui a déçu face à l’Irlande. Un mauvais match de Dumoulin face à la Nouvelle-Zélande pourrait le poursuivre un sacré moment.
Les éloges de son ami Fabrice Estebanez
Alexandre Dumoulin, fils biologique de l'ancien troisième ligne internationale Marc Cécillon -qui a effectué une peine de prison pour le meurtre de sa femme -, porte depuis 2011 le maillot du Racing-Métro. Durant ce Mondial en Angleterre, il a été titulaire face à l’Italie et remplaçant lors du troisième match, face au Canada. « Vous allez voir, il va faire une grande Coupe du monde et il va montrer de très belles choses. Il va être une personne importante du XV de France », racontait son ami Fabrice Estebanez avant le début de la Coupe du monde.
« Alexandre, c’est un joueur à croissance et à maturité tardives. Nous, on savait, le potentiel qu’il avait. Il lui a simplement fallu un peu plus de temps qu’à d’autres pour qu’il prenne conscience de ses qualités et donne la pleine mesure de son talent », raconte dans Le Progrès l’ancien manager du Club sportif Bourgoin-Jallieu rugby, Laurent Mignot. Il ajoute : « Il est coordonné, possède des mains exceptionnelles, une vision du jeu acérée et un sens de l’adaptation exacerbé ».
Le pari de Philippe Saint-André
Voilà un an que l'encadrement des Bleus l’observe de près depuis son ascension au Racing-Métro. Philippe Saint-André comme l'entraîneur des arrières Patrice Lagisquet apprécient sa dimension physique (1,89 m, 97 kg) couplée à sa finesse technique, grâce à sa formation d'ouvreur. Alexandre Dumoulin connaît sa première convocation au sein d'un XV de France en plein remaniement lors des tests de novembre 2014. Une première rencontre contre les Fidji (40-15) lui a mis le pied à l'étrier avant qu'une série de blessures tenaces n'entravent sa progression durant l'hiver et ne le privent du dernier Tournoi des six nations. C'est un véritable pari que fait Philippe Saint-André en retenant Dumoulin, qui n'a pas encore tout à fait éclos au niveau international. Mais, en sélectionnant un centre plus « passeur », le manager signe ainsi sa volonté de fluidifier le jeu trop stéréotypé et unidimensionnel des Bleus dimanche dernier face à l'Irlande.
« Quand je suis arrivé au Racing, je pesais 108 kilos, reconnaît Alexandre Dumoulin. J’ai compris qu’il fallait que je m’assèche. J’ai continué à bosser mon physique, mais différemment. Aujourd’hui, mon poids de forme est à 96 kilos. Cela m’a permis de m’épanouir dans le jeu. » Estebanez résume : « Il a du talent, il est costaud, il a des mains et des pieds. Surtout, il sait trier les ballons, jouer des « off-loads » (passes au contact, NDLR) dans la défense et prendre le relais de l'ouvreur si besoin »
Alexandre Dumoulin a fait peu à peu son trou dans le groupe France durant la préparation. Aujourd’hui, au moment décisif de jouer un quart de final, il est en pleine lumière.
Le XV de départ
Spedding - Nakaitaci, Dumoulin, Fofana, Dulin - (o) Michalak, (m) Parra - Le Roux, Picamoles, Dusautoir (cap) - Maestri, Papé - Slimani, Guirado, Ben Arous
Remplaçants
Szarzewski, Debaty, Mas, Chouly, Nyanga, Kockott, Tales, Bastareaud