Au siège d'Air France, Valls tape du poing sur la table

Tout juste rentré du Japon, le Premier ministre français Manuel Valls a rejoint le siège d'Air France à Roissy, pour afficher, comme il l'avait fait dès hier de Tokyo, sa réprobation après les violences commises lors de la réunion du Comité central d'entreprise et l'agression physique de deux cadres de la direction par des salariés. Le Premier ministre l'a répété : ces agissements méritent des sanctions « lourdes ».

Avec notre envoyée spéciale au siège d'Air France à Roissy, Valerie Gas

Le Premier ministre est quasiment venu ici directement en descendant de l’avion qui le ramenait du Japon où il était en visite officielle, pour dire à quel point les violences qui ont eu lieu hier, notamment contre le directeur des ressources humaines d’Air France, étaient « inadmissibles, inacceptables », comme l’avait fait ce matin déjà le président François Hollande. Le chef du gouvernement a ainsi fustigé les « voyous », auteurs des agressions, et regretté que les images de celles-ci « font mal » à la France. « Il faudra des sanctions lourdes à l'égard de ceux qui se sont livrés à de tels actes. »

C’est donc un message de soutien à la direction que Manuel Valls est venu délivrer, mais pas seulement. Le Premier ministre a rencontré les représentants de trois syndicats (CFDT, CGT, CGC) pour bien montrer aussi que le gouvernement comprenait les salariés d’Air France qui, il l’a bien rappelé, « ont déjà consenti des efforts importants ».

Le pouvoir en retrait mais vigilant

En quelque sorte, Manuel Valls est venu recadrer le dialogue social au sein de l’entreprise où les événements d’hier montraient à quel point la situation était tendue. « Le dialogue social est indispensable », a dit Manuel Valls en appelant chacun, et surtout les pilotes, à prendre leurs responsabilités pour qu’Air France puisse réaliser des réformes nécessaires.

Pour le moment le gouvernement, principal actionnaire d’Air France, ne semble pas vouloir aller plus loin et s’impliquer directement dans les négociations. Mais il est clair qu’il sera très vigilant sur l’évolution des discussions.

Cette visite de Manuel Valls le montre : la rumeur, que le Premier ministre n’a pas démentie, sur la nomination de son directeur de cabinet adjoint Gilles Gateau à la tête de la direction des ressources humaines d’Air France, pourrait en être un autre signe.

Air France : une longue descente aux enfers

La grande époque où Air France était la référence de qualité du transport aérien est révolue. A partir des années 1990, avec la dérèglementation du ciel européen, les problèmes commencent pour la compagnie française.

Après son mariage en 2003 avec KLM, Air France rate le virage du low cost. Sa filiale Transavia peine à rivaliser avec l’irlandais Ryanair ou le britannique easyJet qui cassent les prix. Dans le même temps, elle subit la concurrence acharnée des compagnies asiatiques et du Golfe.

Aujourd'hui, Air France-KLM est en danger. Une flotte d'avions trop importante, des rapports sociaux compliqués. La faute également à l'Etat actionnaire à 16 % de l'entreprise qui n'a pas soutenu le groupe, selon les syndicats.

Sur le plan financier, sa valeur boursière est tombée sous les deux milliards d'euros quand Ryanair en vaut dix-huit. Le nouveau plan de restructuration de la direction prévoit de fermer des lignes long-courriers et de réduire la flotte. La compagnie est en déclin alors que les perspectives de croissance du transport aérien sont de 6 % par an, jusqu'en 2020. 

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