« Danger, cabinet fermé ». A partir de ce lundi, les patients risquent de voir ce type d’affichette sur les portes de leurs médecins généralistes. Les professionnels de santé manifestent à nouveau leur opposition à la loi santé de leur ministre de tutelle, Marisol Touraine, qui veut mettre en place, entre autres, le tiers payant généralisé qui dispense aux assurés d'avancer des frais.
Ce mouvement traduit des situations que les médecins dénoncent. « Un épuisement de la profession qui constate qu’on n’investit pas sur les soins de proximité en médecine générale. Ça traduit aussi un refus de voir les tâches administratives s’alourdir avec le tiers payant obligatoire qui est une tâche administrative que nous, les médecins, ne pourrons pas remplir en l’absence de secrétariat », développe le docteur Claude Leicher, président de MG France.
Les médecins se disent aussi inquiets quant à l’avenir des soins de proximité, et relaient les craintes de leurs patients. « La population dit : "Nous avons de plus en plus de mal à trouver un médecin généraliste traitant. Et quand celui que nous avons va partir à la retraite, qu’allons-nous devenir ? Parce que nous voyons bien que ceux qui partent à la retraite partent sans successeur" », rapporte le docteur Claude Leicher. C’est la population qui va subir les conséquences de l’absence d’investissements dans les soins de proximité, affirme-t-il. « Comment le système de santé pourrait-il fonctionner alors que nous voyons 300 millions de patients dans nos cabinets chaque année ? Comment seront-ils soignés lorsqu’ils ne trouveront plus de médecins généralistes ? », s’interroge-t-il encore.
L’appel à la grève de MG France coïncide avec celui lancé par la quasi-totalité des organisations de médecins libéraux, qui ont appelé à la fermeture des cabinets du 3 au 6 octobre, date à laquelle le texte sera voté au Sénat, avant son retour à l’Assemblée nationale. Parallèlement, des manifestations sont prévues au cours des prochains jours. Samedi 3 octobre, déjà, une opération escargot a été menée en région parisienne, tandis qu’à Bordeaux, environ 300 manifestants ont défilé pendant deux heures.